Reflets Mag #145 | Transition environnementale et sociale : ça commence par vous !
Dans Reflets Mag #145, ESSEC Alumni et l’ObSoCo révèlent les résultats de leur enquête « Transition environnementale et sociale » 2022, menée auprès de 1 200 diplômés et étudiants de l’ESSEC. Quel regard notre communauté porte-t-elle sur ces enjeux ? Et quels leviers d’action préconise-t-elle ? On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire les prochains numéros !
Alors que les événements climatiques anormaux se multiplient et que les publications scientifiques font le constat d’une dégradation croissante de la situation environnementale, l’enjeu écologique fait de plus en plus consensus au sein de la population. Selon le Baromètre de la perception de l’engagement des entreprises1, 79 % des Français se disent préoccupés par la question – et 74 % jugent que les grandes entreprises ne la prennent pas suffisamment en compte.
Mais c’est en réalité l’ensemble de l’organisation sociale qui est remis en question. Car, selon la même étude, 87 % se disent en parallèle attachés à la réduction des inégalités en France et 90 % considèrent qu’il est « intolérable que certaines personnes soient victimes de discriminations en France ».
Dans ce contexte, où se situent les ESSEC ?
ESSEC Alumni et l’ObSoCo ont mené une grande enquête auprès d’un échantillon de près de 1 200 personnes, représentatif de la communauté.
Il en ressort un large consensus : 98 % des alumni considèrent la pollution comme l’une des problématiques importantes sur lesquelles les entreprises devraient s’engager. Les résultats sont similaires quand on évoque l’épuisement des ressources naturelles (97 %), le dérèglement climatique (95 %) ou encore la diminution de la biodiversité (94 %). Et alors que 87 % décrivent la situation environnementale actuelle comme « très préoccupante », voire « alarmante », 82 % s’accordent sur le fait que les entreprises devront se transformer radicalement pour arriver à un modèle véritablement soutenable.
Les thématiques sociales font moins l’unanimité mais sont également pointées par une très large majorité. 86 % pensent que les entreprises devraient s’engager sur la question de l’égalité hommes-femmes, 79 % contre toutes les formes de discrimination à l’embauche, 74 % sur la valorisation de la diversité et de l’inclusion dans l’univers professionnel.
Un consensus sur la situation, des clivages sur les solutions
Les alumni sont comme l’ensemble des Français traversés par des conceptions parfois divergentes des réponses à apporter aux enjeux environnementaux et sociaux.
Parmi ces clivages : le rôle des institutions. Si 68 % des alumni désignent l’État comme le premier acteur ayant la responsabilité d’agir, les grandes entreprises arrivent en deuxième position, à égalité avec les citoyens (respectivement 45 % et 43 %). Sur ce point, les plus jeunes générations sont proportionnellement plus nombreuses à pointer l’État (83 %) et les grandes entreprises (53 %) que les plus âgées (respectivement 62 % et 18 % parmi les plus de 62 ans qui sont à l’inverse nettement plus nombreux à pointer l’action individuelle des citoyens).
Autre point de clivage : pour 34 % des alumni, « les progrès technologiques permettront de répondre durablement aux enjeux environnementaux ». 51 % estiment à l’inverse que ceux-ci « ne pourront pas être résolus par une solution technologique ». À nouveau, les alumni les plus jeunes, ainsi que les femmes, s’avèrent beaucoup plus dubitatifs.
De l’action des organisations à l’engagement des individus
Si une très large majorité des alumni considèrent qu’une transformation radicale des entreprises est nécessaire, seuls 15 % estiment que l’entreprise dans laquelle ils travaillent prend effectivement ce chemin. Les freins les plus fréquemment perçus : la culture d’entreprise, avant tout orientée en direction de la performance économique (56 %), le coût des solutions à mettre en œuvre (44 %), l’inertie des modes d’organisation (39 %) et le manque de volonté de la direction (30 %).
Face à ce constat, certains prennent les devants. 20 % des alumni se décrivent comme d’ores et déjà « activement engagés » en faveur de la transformation de leur entreprise. Environ un quart commencent tout juste à s’engager et souhaitent intensifier leurs efforts. La moitié restante se répartit de manière équilibrée entre des alumni qui se disent sensibilisés et désireux de s’engager, et d’autres qui affirment êtes conscients des enjeux mais tendent à se sentir démunis face à la situation. Seule une part représentant moins de 10 % dit ne pas se sentir concernée par le sujet dans sa vie professionnelle ou ne pas en percevoir l’intérêt.
Les alumni n’envisagent pas – pour la majorité d’entre eux – de « déserter » les grandes entreprises. Ils sont même une courte majorité (51 %) à considérer que participer en interne à la transformation des entreprises est la meilleure manière de contribuer positivement à l’amélioration des choses. Un tiers (32 %) estime toutefois que la meilleure chose à faire est désormais de « refuser de travailler dans des entreprises ayant un impact négatif sur l’environnement » – une part qui monte jusqu’à 43 % parmi les plus jeunes.
Questions de générations
De manière générale, les alumni les plus jeunes (moins de 32 ans au moment de l’enquête) se montrent plus concernés, plus informés et plus exigeants sur le sujet.
Ils tendent en outre à développer une posture plus désabusée. Plus d’un quart pointent le désintérêt général face aux enjeux environnementaux (+9 points par rapport à la moyenne). 31% ne perçoivent, dans la feuille de route de leur entreprise, que des évolutions mineures pour les dix années à venir (+11 points).
Ils sont également surreprésentés parmi les alumni qui considèrent que les réactions des entreprises aux enjeux environnementaux relèvent avant tout d’une forme d’opportunisme. Pour plus de la moitié d’entre eux, ces réactions visent avant tout à pivoter face à la révision des attentes de la part des consommateurs et des salariés (33 % ; +10 points), ou simplement la recherche de nouvelles opportunités de croissance (18 % ; + 4 points).
« Climato-natifs », ces jeunes alumni affichent une norme environnementale plus exigeante. Ils ne disent pas être plus engagés que le reste des alumni – alors que l’ensemble de leurs réponses tend à refléter une posture plus radicale. 66 % disent vouloir aller beaucoup plus loin dans leur engagement (+15 points). 43 % estiment que le boycott des entreprises à impact négatif est la meilleure manière d’accélérer la transformation (+14 points). 30 % ont déjà changé de poste ou d’entreprise pour occuper un poste plus en adéquation avec leurs convictions (+6 points).
L’ESSEC & ESSEC Alumni attendues au tournant
Près de trois alumni sur quatre considèrent qu’ESSEC Alumni devrait aller plus loin dans l’accompagnement des alumni sur le sujet. Plus largement, 71 % pensent avoir besoin de nouvelles compétences pour traiter les enjeux environnementaux et 68 % sont prêts à investir du temps pour se former.
Trois catégories de formations sont fréquemment évoquées : les formations approfondissant la transformation des entreprises au niveau sectoriel (37 %) ; les programmes dédiés aux dirigeants et managers qui souhaiteraient entamer la transition de leur entreprise (34 %) ; les modules de formation visant à aider les salariés et managers à mobiliser leur hiérarchie et accompagner les équipes opérationnelles (29 %).
À nouveau, les alumni les plus jeunes se distinguent : ils sont particulièrement nombreux à mentionner un besoin d’accompagnement en vue d’une reconversion vers des métiers à impact (48 %), et ils réagissent de manière particulièrement positive à la proposition de créer un « annuaire des alumni engagés pour favoriser les mises en relation » (44 %) ou de mettre en place un « jobboard dédié aux métiers de la transition environnementale et sociale » (42 %).
Passé le seuil de 40 ans, les attentes se portent sur des aspects qui diffèrent légèrement. 60 % mentionnent l’idée « d’explorer de nouveaux modèles de réussite ». 38 % aimeraient du mentorat inversé où de jeunes alumni experts accompagneraient leurs aînés souhaitant monter en compétences sur la transition. Un chiffre montrant que la transition sociale et environnementale ne relève pas tant d’un conflit de générations, mais au contraire d’un enjeu qui concerne toutes et tous, et qui réclame un engagement intergénérationnel.
5 profils ESSEC face à la transition
L’enquête a permis d’établir une segmentation des alumni en cinq groupes, dont trois activement engagés dans la transition sociale et/ou environnementale.
Les convaincus (20 %) : ils sont plus jeunes et plus radicaux, même si leur engagement réel et leur sentiment de maîtrise ne sont pas les plus élevés du panel.
Les engagés pour le climat (27 %) : majoritairement jeunes et urbains, très informés et très engagés, ils appellent une transformation radicale des entreprises, et ne misent pas sur la technologie ; ce sont les influenceurs de la transition environnementale.
Les sensibles aux enjeux sociaux (8 %) : ils se caractérisent par un rejet du salariat et pensent que la meilleure manière de contribuer positivement est de créer son projet à impact positif.
Les observateurs (38 %) : ils ont une connaissance relative des enjeux et se sentent démunis face aux changements à venir, ce qui les maintient dans une position attentiste, même s’ils affichent une volonté de s’engager davantage à l’avenir.
Les conservateurs (7 %) : influenceurs économiques, surpondérés chez les hommes et la frange la plus aisée et la plus âgée de notre panel, ils sont indifférents, voire sceptiques, et considèrent que les entreprises font déjà suffisamment pour le social et l’environnement.
Cette segmentation laisse à penser que la part de diplômés exigeant une transformation radicale des entreprises va continuer à augmenter, et doit être entendue.
Méthodologie
L’enquête a été conduite en ligne du 7 juin au 11 juillet 2022 sur la base d’un échantillon total (après nettoyage de la base de données) de 1 191 alumni interrogés – dont 896 ont complété intégralement le questionnaire. L’ensemble de la population des alumni (sur le périmètre des alumni diplômés, hors étudiants) a été invitée à participer à l’enquête, via notamment la newsletter de l’association ESSEC Alumni.
La représentativité de l’échantillon a été établie par la méthode des quotas sur les critères suivants : âge, programme suivi à l’ESSEC, pays de résidence, versement de cotisations à l’association ESSEC Alumni, adhésion au club Transition ESSEC Alumni. Les données ont été redressées sur l’ensemble des variables « quotas » afin de pallier les écarts résiduels entre la structure de l’échantillon et celle de l’ensemble de la population étudiée. A notamment été légèrement réduit le poids des cotisants et celui des membres du club ESSEC Transition Alumni – afin de ne pas surreprésenter ces derniers et d'éviter tout biais lié à un effet de structure de l’échantillon que cette surreprésentation aurait pu engendrer.
Plusieurs contrôles de cohérence ont été mis en place afin de permettre le nettoyage de la base de données et garantir la qualité des données recueillies.
Une partie du questionnaire portant sur la perception que les alumni ont de l’engagement des entreprises sur le plan environnemental et social, le parti pris méthodologique a été le suivant : les alumni en activité au sein d’une entreprise ont été interrogés sur l’entreprise dans laquelle ils travaillaient ; les alumni exerçant une activité sous un statut d’indépendant, de freelance, et ceux en reconversion ont été interrogés sur « les entreprises en général ».
À noter, parmi les éléments de contexte ayant pu légèrement influer sur la perception des répondants durant la période de l’enquête, la vague de chaleur précoce survenue entre le 15 et le 19 juin 2022.
1 Baromètre de la perception de l’engagement des entreprises, L’ObSoCo / Trusteam, 2022.
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