Reflets Mag #152 | Mimsy Daly (E99) : « La Nouvelle-Calédonie se trouve à un tournant »
Reflets Mag #152 consacre un dossier aux territoires d’outre-mer et à leurs enjeux communs et spécifiques, notamment sur le plan économique. Parmi les intervenants : Mimsy Daly (E99), présidente du MEDEF Nouvelle-Calédonie et du Chapter Nouvelle-Calédonie d’ESSEC Alumni. Découvrez l’article en accès libre… et pour lire les prochains numéros, abonnez-vous !
Reflets Magazine : Quels sont vos liens avec la Nouvelle-Calédonie ?
Mimsy Daly : Je suis calédonienne, issue d’une famille de pionniers irlandais arrivés sur l’île dès 1862. Après une scolarité à Nouméa jusqu’au baccalauréat, j’ai rejoint Paris pour mes études et suis restée pour le début de ma carrière en marketing chez Danone. Puis je suis rentrée et j’ai exercé des fonctions de direction dans un groupe agroalimentaire local avant de reprendre une entreprise de distribution d’ameublement et décoration implantée au Vanuatu et en Polynésie française. Je suis en outre présidente du MEDEF Nouvelle-Calédonie depuis quatre ans.
RM : Quelle est la situation économique de la Nouvelle-Calédonie aujourd’hui ?
M. Daly : La Nouvelle-Calédonie a connu un développement économique très rapide sur les trois dernières décennies, principalement grâce à l’exploitation de ses réserves de nickel. Si cette manne a permis le déploiement d’infrastructures et d’équipements publics satisfaisants sur tout le territoire, elle a aussi paradoxalement fragilisé l’économie locale en la rendant très dépendante du secteur minier – d’autant qu’en parallèle, l’instabilité de la situation politique et institutionnelle, avec pas moins de trois référendums d’auto-détermination depuis cinq ans, a empêché de prendre des mesures de diversification des filières. Résultat : la situation est en train de se dégrader à grande vitesse à cause d’un retournement du marché sous l’impulsion de la Chine et de l’Indonésie. L’une de nos trois usines métallurgiques a même dû être mise en sommeil dans l’attente d’un repreneur éventuel, avec pour conséquence immédiate une hausse brutale du chômage et des défaillances d’entreprises en cascade.
RM : Dans ce contexte, quels sont les principaux leviers de croissance de la Nouvelle-Calédonie ?
M. Daly : Nous disposons d’un important potentiel dans la production agricole (aujourd’hui seulement 15 % de notre consommation, ce qui pèse en outre sur le coût de la vie), dans la transition énergétique (déjà bien engagée dans le photovoltaïque), dans le tourisme ou encore dans les nouvelles technologies (notamment grâce à notre position aux antipodes sur des fuseaux horaires sous-exploités)…
RM : Quels autres leviers pourrait-on activer à l’avenir ?
M. Daly : Il est primordial de réviser en profondeur notre fiscalité : malgré l’autonomie acquise sur ce plan avec les accords de Nouméa, le modèle calédonien reste calqué sur le modèle métropolitain, qui n’est pas adapté à la taille de notre territoire. Or notre compétitivité et notre attractivité pour les investisseurs en dépendent. À cet égard, les réformes constitutionnelles attendues en 2024 constitueront probablement un tournant essentiel.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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Image : © Théo Rouby
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