Robin Sappe (M09), DRH en résidence : « Je suis là pour aider les start-ups à scaler »
Vous n’avez jamais entendu parler de DRH en résidence dans des start-ups ? Pas étonnant, Robin Sappe (M09) est parmi les premiers à exercer ce métier en France. Explications.
ESSEC Alumni : Qu’est-ce qu’un DRH en résidence ?
Robin Sappe : C’est un DRH mandaté par un fonds d’investissement pour accompagner ses start-ups dans leurs problématiques de recrutement et de management. Le principe existe depuis longtemps aux États-Unis, mais le fonds pour lequel je travaille, Breega, est l’un des pionniers européens en la matière.
EA : Quels sont les besoins RH spécifiques des start-ups ?
R. Sappe : Premier point : une start-up enchaîne différents stades de développement à un rythme soutenu. Lancement, premier recrutement, changement d’échelle… À chaque étape, il faut changer d’organisation et embarquer tous les collaborateurs. On a donc besoin de conseils ciblés en management : comment s’assurer que tout le monde reste aligné sur le projet quand celui-ci n’arrête pas d’évoluer ?
Deuxième point, qui découle du premier : une start-up recherche des profils particuliers. Il lui faut des collaborateurs polyvalents, qui sachent tout faire, et agiles, car on parle de création de poste, d’équipe qui se monte ; tout est à inventer. Il y a donc un enjeu particulier sur la chasse et surtout sur la vitesse pour embaucher les meilleures personnes.
EA : Quel intérêt les start-ups ont-elles à ne pas recruter leur propre DRH ?
R. Sappe : Elles y trouvent d’abord un intérêt financier car c’est une expertise qui leur est utile mais qu’elles ne peuvent pas forcément se payer. Alors pourquoi s’en priver ? D’autant qu’elles n’ont pas besoin d’une personne à temps plein. Mieux vaut partager cette ressource avec d’autres !
EA : Et quel intérêt pour un fonds d'investissement à missionner un DRH en résidence ?
R. Sappe : Cela lui permet d’aider les start-ups dans lesquelles il investit à identifier certains signaux d’alerte, à ne pas faire certaines erreurs. Et donc, à consolider leur création de valeur. C’est aussi une manière d’attirer les entrepreneurs en se différenciant des autres fonds grâce à un service supplémentaire.
EA : L’intervention d’un DRH en résidence ne risque-t-elle pas d'être perçue comme une ingérence par les entrepreneurs ?
R. Sappe : Chez Breega, ce service est offert, sans obligation ; les start-ups restent libres de ne pas en profiter. Mais elles demandent le plus souvent à être accompagnées. Elles comprennent bien que je suis là pour leur proposer des solutions, pas pour les contrôler. La logique est celle du partenariat, de la relation de confiance : elles n’hésitent pas à nous confier leurs problèmes, car nous avons les compétences pour trouver des solutions rapides dans l’objectif de pouvoir scaler.
EA : Vous arrivez-t-il de préconiser une solution qui n’a pas l'assentiment de votre fonds ?
R. Sappe : Il arrive qu’on débatte, mais pas question de donner des avis divergents ; à la fin, on s’exprime d’une seule voix, sinon on ne conseillerait pas nos start-ups efficacement. En revanche, on les laisse libres de leurs choix : si elles ne sont pas d’accord avec nous, elles ne sont pas obligées de nous suivre. Un entrepreneur doit garder son autonomie, sinon il s’est trompé de voie ! Nous sommes juste là pour fournir des outils pratiques et des pistes de réflexion, dans une démarche de co-construction.
EA : Comment gère-t-on les RH de plusieurs start-ups en même temps ? Peut-on dupliquer une même recette ?
R. Sappe : Les start-ups dont je m’occupe relèvent de secteur très divers – foodtech, chatbot, agritech – mais n’en sont pas moins confrontées à des problématiques communes. Comment recruter dans le digital ? Comment intégrer de nouveaux salariés ? Quand je fais des recherches sur ces sujets, je mutualise. Mieux encore : quand une start-up teste une solution qui s’avère efficace, je peux me baser sur son expérience pour partager des bonnes pratiques avec d’autres entrepreneurs.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)
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