Stéphanie Schmidt (E95) : « L’entrepreneuriat social est en pleine croissance en Afrique »
Stéphanie Schmidt (E95), gère les partenariats en Afrique d’Ashoka, le 1er réseau mondial d'entrepreneurs sociaux. Elle porte notamment l’initiative Changemakers United Afrique, qui vise à développer des solutions à la crise du COVID-19. Rencontre.
ESSEC Alumni : Qu’est-ce qui vous a mené jusqu’à l’entrepreneuriat social ?
Stéphanie Schmidt : Dès l’ESSEC j’ai participé à la création de l’association ESSEC Entraide Humanitaire. Puis, après un début de carrière relativement classique dans la banque et le conseil, je suis devenue directrice des programmes d’une ONG américaine au Rwanda. J’ai ensuite rejoint le siège d’Ashoka à Washington, pour lancer une initiative visant à développer les liens entre entrepreneurs sociaux et grandes entreprises. Quinze ans et quatre continents plus tard, je suis toujours aussi passionnée par mon métier !
EA : Aujourd’hui, quelles sont les activités d’Ashoka ?
S. Schmidt : Ashoka est le 1er réseau mondial d'entrepreneurs sociaux : depuis 35 ans, cette organisation à but non lucratif, fondée par un ancien consultant de McKinsey, a identifié, soutenu et fait grandir plus de 4 000 entrepreneurs pionniers de l'innovation sociale dans 90 pays. Notre objectif est de faire émerger un monde où chacun soit capable d'agir rapidement et efficacement pour répondre aux défis sociétaux : « Tous acteurs de changement ».
EA : Qui sont les entrepreneurs sociaux du réseau Ashoka ?
S. Schmidt : En France, vous avez peut-être entendu parler de Francois Taddei, chercheur et innovateur dans le domaine de l’éducation ; de Christian de Boisredon, fondateur de Spark News et pionnier du journalisme de solutions ; ou encore de Paul Duan, fondateur de Bayes Impact, qui utilise d'utiliser les algorithmes et le big data pour résoudre des problèmes de société.
EA : Quel accompagnement proposez-vous à vos entrepreneurs sociaux ?
S. Schmidt : Nous utilisons une approche de capital-risque philanthropique : processus de sélection rigoureux pour s'assurer de la nouveauté de l'idée et de la qualité entrepreneuriale du candidat ; soutien financier et professionnel actif pendant 3 ans ; accueil à vie au sein du réseau international Ashoka. Le tout grâce aux apports de fonds privés, provenant notamment d'entrepreneurs du monde des affaires.
EA : Cette année, vous avez lancé en particulier l’initiative Changemakers United Afrique. Quel est son objectif ?
S. Schmidt : Avec le COVID-19, 12 millions d’Africains risquent de basculer dans la pauvreté extrême. L’initiative Changemakers United Africa vise à soutenir 16 entrepreneurs sociaux qui développent des solutions aux problèmes engendrés par la crise en Afrique : accès aux soins de santé, éducation, résilience économique, protection des groupes vulnérables comme les femmes et les populations rurales, transparence dans les budgets publics, entre autres.
EA : Concrètement, en quoi consiste ce programme ?
S. Schmidt : Il se déploie de septembre à décembre et inclut du conseil, de l’expertise, de la visibilité et des connections. Vous pouvez vous-même apporter votre pierre à l’édifice : je vous invite à jeter un œil aux profils des entrepreneurs sur notre site et à nous rejoindre pour un forum virtuel le 10 novembre de 13 à 15 heures, durant lequel vous pourrez réfléchir avec nous au développement de ces solutions et, si le cœur vous en dit, vous inscrire en tant qu’expert bénévole pour donner 4 heures de votre temps. N’hésitez pas aussi à relayer les messages de la campagne Changemakers United, ou à faire une donation.
EA : Comment se porte le secteur de l’entrepreneuriat social en Afrique ?
S. Schmidt : L’entrepreneuriat social est en pleine croissance en Afrique – avec certes des différences importantes entre pays en termes de reconnaissance, de dynamisme ou encore de soutien. Le Kenya, l’Afrique du Sud, le Sénégal et le Ghana sont particulièrement avancés dans ce domaine. Alors que les services publics sont défaillants dans de nombreux pays, les actions des entrepreneurs sociaux, qui s’attaquent aux défaillances des marchés et des systèmes, prennent tout leur sens et méritent d’être soutenues.
EA : Menez-vous d’autres initiatives pour les entrepreneurs sociaux en Afrique ?
S. Schmidt : Le réseau Ashoka est présent dans 23 pays d’Afrique subsaharienne et compte plus de 420 fellows actifs dans tous les grands domaines sociétaux. Comme ailleurs, nous les soutenons en continu, tant sur le plan financier que par le réseau, à travers nos 4 bureaux régionaux à Dakar, Nairobi, Johannesburg et Lagos.
EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir vos actions ?
S. Schmidt : Ashoka a créé l’Ashoka Support Network (ASN), réseau de dirigeants et entrepreneurs philanthropes engagés qui souvent sont mentors d’un entrepreneur social. Né en France, ce réseau est très actif, et nous sommes en train de le lancer en Afrique pour développer nos actions dans la région. N’hésitez pas à le rejoindre ! Par ailleurs nous mettons en place des partenariats avec de grandes entreprises sur le thème de l’innovation sociale et autour du cœur de métier de l’entreprise.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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