Le 6 février, les Mardis de l’ESSEC recevaient l’eurodéputé Yannick Jadot. 6 mois plus tard, le COVID et les résultats des municipales donnent plus de poids encore à la vision à la fois réaliste et optimiste de la politique écologique qu'il a présentée lors de son passage à Cergy.
Si Yannick Jadot a décidé de dédier sa vie au militantisme écologiste, c’est parce qu’il a la conviction que l’urgence est réelle : « La théorie de l’effondrement, j’y crois. Il y a un scénario noir, il ne faut pas l’évacuer. » Il refuse en revanche le défaitisme. « On a 3 choix face à la crise environnementale. Soit on baisse les bras. Soit on mène une stratégie d’évitement. Soit on se mobilise. » Lui a choisi son camp. « Pour moi, le dérèglement climatique est un défi à relever, une opportunité dont nous pouvons profiter pour transformer notre société en mieux ! » Et d’oser un parallèle avec Pearl Harbor, drame terrible évidemment, mais qui a déclenché l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, marquant un tournant dans le déroulement du conflit. « Ce que nous traversons aujourd’hui peut nous donner la même force de mobilisation générale. »
Une vision sans concession
Les lignes de front sont nombreuses. Sur l’énergie, Yannick Jadot prône de sortir progressivement du nucléaire d’ici à 2050 et d’investir dans les énergies renouvelables. D’autant que selon lui, l’enjeu est aussi géopolitique : « Choisir le nucléaire, c'est dépendre du Niger. Le gaz, de la Russie. Le pétrole, de l'Irak et l'Iran. Utilisons plutôt le soleil, l’eau et le vent français ! » Et d’enchérir avec des arguments économiques : « L’éolien crée 2 à 3 fois plus d’emplois que le nucléaire, et va bientôt atteindre un coût marginal nul. »
Pour les moins convaincus, Yannick Jadot propose également d’agir en aval de la chaîne énergétique : « Accélérons la rénovation thermique des habitations !Le logement représente 40 % de notre consommation d’énergie et 25 % de nos émissions. »
Sur les OGM, Yannick Jadot est catégorique : « Cette agriculture-là, je la combats. Regardez ce qui se passe aux États-Unis : il y a des milliers de procès contre Monsanto et son RoundUp. Ce modèle productiviste, c’est des paysans surendettés, qui se suicident tous les jours, c’est notre biodiversité qui s’effondre, c’est notre alimentation qui devient de la malbouffe. » Sans surprise, il rêve de généraliser le bio. « Imaginez qu’on utilise 60 milliards par an, soit l’ensemble du budget de la PAC, pour soutenir cette filière… »
L’Union fait la force
Car l’eurodéputé place beaucoup d’espoir dans l’Union Européenne. « On a besoin de l’Europe pour donner l’exemple et pour offrir une perspective à notre jeunesse. On en a besoin pour peser face aux lobbies, à Trump, à Bolsonaro. » Il ne nie pas les défauts de l’appareil européen. « L’Union Européenne a des faiblesses démocratiques, des insuffisances de fonctionnement, mais elle a pour spécificité d’être construite par consentement mutuel. Ça, c’est unique au monde. » Et particulièrement porteur à l’heure où les défis auxquels nous sommes confrontés sont d’une ampleur globale. « Parce que l’Europe est un espace où on définit la norme en commun, et où on met les moyens en commun, elle constitue une formidable terre de conquête pour nous, les humains. » Il appelle ainsi à un « Green New Deal » à l’échelle de l’Union. « Le principe : consacrer 1 % du PIB européen aux investissements verts. » Et d’affirmer : « C’est un projet de civilisation ! »
Lui, président ?
Les ambitions de Yannick Jadot pourraient-elles l’amener à briguer de hautes fonctions ? « Je vais peut être y réfléchir à cette élection présidentielle… » répond-il d’un ton pince-sans-rire. Il porte en tout cas un message de rassemblement. « Nous devons être capable de fédérer très largement autour d’un projet positif, au-delà d’EELV, dans quelque chose de beaucoup plus large et de beaucoup plus puissant. » À suivre.
Retrouvez l’intégralité du débat en vidéo.
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Illustration : © Noir sur Blanc
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