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Reflets Mag #143 | Vers une industrie verte ?

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22/06/2022

Reflets Mag #143 consacre un dossier de 15 pages à la réindustrialisation et à ses conditions. Celle-ci rimera-t-elle avec pollution ? Ou se conjuguera-t-elle au contraire avec les enjeux de la transition ? Éléments de réponses avec Arnaud Marec (E08), expert de l’industrie et de l’écologie, et Éléonore Cartillier (E14), responsable développement durable chez Saint-Gobain. On vous met un extrait de l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

Reflets Magazine : Quels sont les principaux impacts environnementaux des activités industrielles ?

Arnaud Marec : En premier lieu, l’industrie consomme énormément d’énergies fossiles : on estime qu’elle est responsable d’environ 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais son impact ne se limite pas au carbone. Elle contribue à l’artificialisation des sols, première cause de perte de biodiversité. Elle a besoin de matières premières dans des quantités toujours croissantes, au point que les pics d’extraction menacent de nombreux secteurs. Elle induit des risques de pollution de l’air, des eaux et des sols, particulièrement dans les pays où se font la plupart des délocalisations, généralement moins regardants sur le plan réglementaire.

RM : Quelles mesures l’État français prend-il pour réduire ces impacts ?

Éléonore Cartillier : Depuis la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), la France s’est dotée d’une stratégie nationale bas-carbone (SNBC) qui fixe pour l’industrie un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 35 % d’ici 2030 et de 81 % d’ici 2050 par rapport à 2015. Le dispositif donne des orientations pour y parvenir : amélioration de l’efficacité énergétique, recours à des énergies décarbonées, développement de l’économie circulaire pour maîtriser la demande en matière… Autre outil, obligatoire depuis 2012 pour toutes les entreprises de plus de 500 salariés : la réalisation d’un bilan carbone sur les scopes 1 et 2, c’est-à-dire les émissions directes de gaz à effet de serre et les émissions indirectes associées à l’énergie. À noter, un nombre croissant d’entreprises publient également de façon volontaire leur scope 3, qui comprend toutes les autres émissions indirectes.

A. Marec : Ce qui est complexe, c’est que les réglementations françaises s’imbriquent dans les réglementations européennes. Par exemple, 84 % des émissions des industries françaises sont soumises au régime du système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne (EU ETS). En outre, le projet de taxonomie de l’Union européenne pourra orienter les investissements vers les secteurs industriels les plus vertueux pour la transition bas carbone.

RM : Ces mesures sont-elles complétées par des initiatives privées ou sectorielles ?

É. Cartillier : La prise de conscience est réelle au sein des entreprises industrielles, comme le montre leur forte participation à la dernière COP26. Beaucoup d’entre elles s’engagent à réduire leurs émissions d’ici 2050 en remplaçant les combustibles fossiles par la biomasse et les énergies renouvelables, si possible produites localement, sur le site d’activité. En parallèle, elles accélèrent sur l’efficacité énergétique, avec des plans significatifs d’économie d’énergie et une amélioration des procédés de fabrication. Par ailleurs, elles développent de fortes expertises pour analyser et optimiser le cycle de vie de leurs procédés et produits. Enfin, certaines se dotent d’un prix interne du carbone – c’est-à-dire qu’elles attribuent une valeur en interne à leurs émissions. Ce type de dispositif anticipe l'extension prévisible des systèmes de taxation du carbone et des marchés de quotas de CO2, et permet d’orienter les investissements vers les projets les plus durables. Saint-Gobain s’est ainsi doté de deux prix du carbone en interne, récemment relevés à 75 € par tonne pour les investissements industriels et 150 € par tonne pour les investissements en recherche et développement.

A. Marec : À plus grande échelle, 9 secteurs de l’industrie ont par exemple travaillé main dans la main avec l’ADEME pour imaginer leur transition bas-carbone via des plans de transition (PTS). On peut aussi évoquer l’initiative SBT au niveau mondial, qui invite les entreprises à prendre des engagements pour limiter le réchauffement à 1,5° C en 2050, ou encore la démarche ACT de l’ADEME, qui permet d’évaluer si les politiques associées à ces engagements sont effectivement pertinentes quantitativement et qualitativement.

RM : Pour l’heure, quels résultats ces mesures obtiennent-elles ?

A. Marec : Force est de constater que subsiste un important décalage entre les discours et les actes. Au niveau carbone par exemple : certes, les investissements dans les énergies renouvelables et les technologies de l’hydrogène sont massifs – mais dans le même temps la consommation d’énergies fossiles continue d’augmenter, et son couplage avec la croissance du PIB ne faiblit pas. L’industrie semble en outre privilégier des solutions comme la capture et la séquestration de carbone pour atteindre la neutralité. Si ces technologies doivent être envisagées, leur maturité reste faible : trop d’incertitudes les entourent pour tout miser sur elles.

RM : Quelles mesures supplémentaires faudrait-il prendre ?

É. Cartillier : […]

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

Paru dans Reflets Mag #143. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

 

Image : © AdobeStock

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