Reflets Mag #140 | Claire Duthu (E14) : Les mobilités vertes sont-elles sur la bonne voie ?
Métro, auto, vélo : si ce combo a encore de beaux jours devant lui, la réalité qu’il recouvre et l’équilibre entre ses composantes sont en plein bouleversement, comme l’explique Claire Duthu (E14), Senior Pre-sales Manager chez Padam Mobility, dans Reflets Mag #140. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !
Reflets Magazine : Quelles nouvelles formes de mobilité les villes développent-elles face aux enjeux contemporains ?
Claire Duthu : Première tendance : les énergies propres, avec les véhicules électriques, les véhicules à hydrogène et les bio-carburants. Deuxième tendance : les véhicules partagés, avec les locations de moyenne et longue durée ou encore le free-floating qui priorisent le concept d’usage sur la notion de propriété. Troisième tendance : les micro-mobilités, pour le premier et le dernier kilomètre, avec le vélo et les trottinettes. Quatrième tendance : la multi-modalité, qui facilite les trajets en améliorant les interconnexions entre les différents réseaux et modes de transports. Dernière tendance : le véhicule autonome, qui doit encore relever de nombreux défis techniques et éthiques, mais dont la valeur d’usage n’est plus à démontrer.
RM : Ces nouvelles mobilités sont-elles toutes durables ?
C. Duthu : À première vue, elles constituent autant de moyens d’optimiser le nombre de passagers, le temps de trajet, la distance parcourue et donc la quantité de CO2 par déplacement. Toutefois, on se rend compte que les trottinettes ont une durée de vie moyenne de 28 jours, principalement à cause du vandalisme, ou encore que les batteries électriques nécessitent des matériaux rares et difficiles à recycler, et qu’elles dépendent trop souvent d’une énergie qui n’est pas « verte ».
RM : Comment contourner ces écueils ?
C. Duthu : Les opérateurs de trottinettes en particulier se sont saisis de la question. Tier Mobility propose ainsi à ses utilisateurs de les rémunérer s’ils déposent eux-mêmes les batteries à recharger dans des commerces partenaires, plutôt que d’affecter cette tâche à des camionnettes thermiques qui circulent dans toute la ville. Ils privilégient en outre des matériaux recyclables ainsi que des pièces qui peuvent être changées ou réutilisées en cas de panne.
RM : En parallèle, les transports en commun traditionnels évoluent-ils eux-mêmes vers un modèle plus durable ?
C. Duthu : Ceux-ci constituent en soi une solution plus durable que les voitures individuelles. Reste à déployer davantage de flottes électriques ou à hydrogène pour le transport routier comme ferroviaire. À Paris, la RATP s’est fixé comme objectif de diviser par deux ses émissions des gaz à effet de serre d’ici 2025.
RM : Comment concilier enjeux sanitaires et enjeux environnementaux dans les mobilités urbaines ?
C. Duthu : La crise COVID a eu un effet ambigu. D’un côté, l’utilisation du vélo a progressé de 50 % à Paris entre 2019 et 2020. De l’autre, les Chinois sont deux fois plus nombreux qu’avant la crise à privilégier la voiture individuelle, considérée comme plus sécurisée. Dans tous les cas, les transports en commun et les transports partagés ont connu une désaffection. Les opérateurs ont cependant pris le pli de désinfecter leurs flottes, et certains expérimentent des systèmes permettant de visualiser les niveaux d’affluence en temps réel et de viser les horaires plus propices à la distanciation physique.
RM : Comment le politique intervient-il pour favoriser le développement des mobilités durables en ville ?
C. Duthu : Les autorités peuvent et doivent jouer un rôle moteur dans le développement des mobilités durables. Cela passe par le choix de leurs opérateurs de transports, par l’attribution de subventions aux entreprises et d’aides financières aux citoyens, ou encore par la construction des infrastructures nécessaires : pistes cyclables, bornes de recharge…
RM : Quid du rôle des entreprises ?
C. Duthu : Les trajets domicile-travail représentent 40 % des déplacements des Français : les entreprises sont donc en première ligne. La loi d’orientation des mobilités (LOM) leur donne davantage de moyens en la matière, notamment avec l’introduction du Forfait Mobilité Durable qui accorde aux employés jusqu’à 600 € défiscalisés par an pour financer l’utilisation de moyens de transport éco-responsables.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
Extrait du dossier « Ville de demain, ville durable ? » de Reflets Mag #140. Pour voir un preview, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.
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