Depuis 6 mois, Alexandre Agogué (E04) s’engage dans la lutte contre la pandémie en dirigeant l’un des plus grands centres de vaccination de la Croix Rouge. Témoignage.

ESSEC Alumni : Comment votre parcours vous a-t-il mené à travailler pour la Croix Rouge ? 

Alexandre Agogué : Début 2021, je quitte après 10 ans un grand groupe français spécialisé dans les essais, l’inspection et la certification, à la recherche de nouveaux challenges. Ayant participé pendant plus de 8 ans aux activités bénévoles de la Croix-Rouge dans les Hauts-De-Seine, j’apprends que cette dernière recherche des responsables pour diriger le « Très Grand Centre » de vaccination du 92, situé à La Défense. J’y vois une formidable occasion de concilier mon état d’esprit et mes passions avec mes expériences dans les domaines de la gestion de projet, du management opérationnel des équipes et de l’excellence opérationnelle. Il me suffira d’un entretien et de quelques heures pour me décider à quitter l’Espagne, où je résidais, pour me lancer dans cette aventure et apporter mon appui à cette grande mission d’intérêt public, tant sur le point humain que sanitaire.

EA : Quel rôle la Croix Rouge joue-t-elle dans la gestion de la crise du COVID-19 ? 

A. Agogué : La Croix-Rouge française joue un rôle majeur, aux côtés des pouvoirs publics, dans la lutte contre l’épidémie et dans la gestion de ses conséquences : écoute téléphonique, accueil aéroportuaire, centres d'isolement, transports sanitaires, soutien aux secours publics, distribution alimentaire, actions de lutte contre l’isolement avec le programme « Croix-Rouge chez vous »… Au pic de la crise, c’est plus d’un million d’heures de bénévolat qui ont été effectuées. Un engagement renforcé par des recrutements spécifiques comme celui de 477 « Médiateurs » qui participent à l’information et au dépistage dans 51 départements.

EA : La Croix Rouge s’implique-t-elle également dans la campagne de vaccination ? 

A. Agogué : Depuis le 22 février 2021, la Croix-Rouge a vacciné plus de 2 millions de personnes dans 77 départements. Sur la seule Île-De-France, 18 centres de vaccinations ont été ouverts dont le Stade De France, qui assure jusqu’à 5 600 vaccinations par jour, et celui des Hauts-De-Seine, dont j’ai pris la responsabilité.

EA : Quelles sont vos missions au sein de la Croix Rouge ?

A. Agogué : Quand j’arrive en poste en mai 2021, mon rôle consiste à m’intégrer (très) rapidement au sein des équipes, à comprendre les enjeux et à prendre contact avec les interlocuteurs clés : préfecture, agence régionale de santé, brigade des sapeurs pompiers, mais aussi partenaires comme Europ Assistance Generali ou encore le site de Paris La Défense Arena qui doit accueillir le « Très Grand Centre de vaccination » du 92 seulement quelques jours plus tard… S’ensuit une phase opérationnelle et logistique d’installation et de lancement du centre, puis la montée en puissance : coordination sur place d’équipes multidisciplinaires (jusqu’à 100 pompiers, soignants, agents d’accueil), mise en place de procédures et d’indicateurs de performance, formation de relais d’encadrement, amélioration continue, de façon à passer de 1 000 vaccinations par jour à près de 4 000 au plus fort du mois de juillet. 

EA : À la fin de l’été, il faut rendre l’Arena au monde du sport, de la culture et du spectacle, tout en continuant à offrir une solution vaccinale, notamment pour la troisième dose…

A. Agogué : Nous organisons alors le déménagement du centre vers le Pôle Universitaire Léonard De Vinci, et nous nous adaptons à de nouveaux besoins, en développant le « aller vers » : mise en place et coordination de 3 annexes sans rendez-vous dans des centres commerciaux, déplacement dans les établissements scolaires ou dans des centres hébergeant les plus démunis, y compris les réfugiés.

EA : La campagne de vaccination fait l’objet de constants débats. Comment cela se traduit-il pour vous sur le terrain ?

A. Agogué : Il faut souvent informer, parfois rassurer les personnes qui viennent se faire vacciner, sans jamais oublier le « sourire derrière le masque ». Les sollicitations des media aussi s’enchaînent au rythme des annonces gouvernementales : j’ai vécu un « live » sur les chaînes d’information pour la visite officielle du Premier Ministre, un direct dans les studios de France Info à 4 heures du matin lors de l’élargissement de l’éligibilité aux adolescents, et même des interviews pour la télévision chinoise ou britannique.

EA : Quel bilan tirez-vous de cette période ?

A. Agogué : Après plus de 300 000 vaccins délivrés, je continue à m’enrichir de cette expérience unique que j’aime à appeler une « entreprise humaine éphémère ». Je chercherai de nouveaux défis d’ici quelques mois, mais il se peut tout à fait que je recroise un jour la route de cette association passionnante et exceptionnelle à bien des égards.

EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir vos actions ? 

A. Agogué : Si l’on peut déjà affirmer que la Croix-Rouge Française a été au rendez-vous en contribuant à réduire les impacts humains de la crise sanitaire et en répondant à l’exacerbation des besoins liés à l’urgence sociale, le combat ne s’arrête pas là – que ce soit contre la COVID, ou plus généralement pour venir en aide aux personnes en difficulté. Chacun d’entre vous peut devenir acteur pour protéger des vies et valoriser l’entraide et le partage, soit en faisant un don à votre unité locale ou au niveau national voire international via Internet, soit en faisant du bénévolat dans les domaines du secourisme ou du social.

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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