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KILAFEE n°14 – Décembre 2022 : Claude Laurens, l’Européen et +

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Provence

19/12/2022

« Claude, l’Essec, c’était quand ? ». On se connait de longue date, Claude et moi, pourtant je n’ai guère que de vagues idées de sa chronologie. « J’avais 21 ans quand je suis sorti de l’Essec en 66, la même promo que Michel Bon et … (*) ». Je savais Claude mon aîné, mais pas tant que ça. Ma fillette, me demandant mon âge il y a quelques années, s’était exclamée « Ça existe ?! ». 

 

Ma surprise est excusable. Vous le connaissez, Claude ? Sa belle chevelure blanche, fournie et pleine de vie, cache bien ses 77 ans. Sa vivacité et son regard vous assurent qu’il a encore des choses à faire, et qu’il va les accomplir. Si vous en doutez, sa stature de rugbyman vous rassurera. J’avais d’abord écrit « et celui qui voudrait s’y opposer, sa stature l’en dissuadera ». Mais la vérité, je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il a le leadership collectif chevillé à l’âme. Claude inspire l’adhésion consensuelle. 

 

« Mais alors, Sciences-Po ? ». Car au mitan (**) des années 2010, c’est comme sciences-po qu’il est devenu président du Greco et qu’il a orchestré avec son équipe d’alors un magnifique 50ème anniversaire, à la Villa Méditerranée, vous vous souvenez ?

 

« Hmm… j’ai été diplômé en 1968… en septembre évidemment, en juin il n’y avait rien eu. Je faisais aussi une licence d’allemand, je suis bilingue, et un doctorat de droit européen, rue d’Assas, et d’autres choses... Je me souviens de ma logeuse, rue du cherche-midi. Les gendarmes me cherchaient ». Claude sur les barricades à l’époque ? Pourquoi pas. Ma mère y était bien, elle, avec mon petit frère qui naîtra fin juin. « Puis, soulagement, ce n’était ‘que’ la convoc au service militaire. L’Etat agacé par les jeunes remuants que nous étions nous avait supprimé manu militari tous les sursis pour longues études ».

 

Est-ce que ça a changé des choses pour lui ? « J’ai dû renoncer à l’ENA. Mes parents étaient modestes. J’ai dû travailler dès 1970 ». En fils reconnaissance autant qu’en fin observateur des gens qu’il est, très attentionné et intéressé, il me raconte son père, artisan ferronnier, de droite donc puisqu’entrepreneur, et sa mère, enseignante, de centre gauche, et les discussions politiques familiales, qui l’ont aidé à bien grandir.

 

« Et l’allemand ? Tu es né où ? »… « Je suis né chez moi, je veux dire à Aix. L’allemand, c’est parce que mon prof, au Lycée Mignet… » Claude n’aime pas vous perdre et ouvre une parenthèse explicative… « A cette époque, on ne disait pas collège… ». Je m’en souviens, car j’ai fait 10 ans au Lycée Thiers, de la 6ème à la 3ème, redoublée, puis la prépa, doublée aussi. Le jeune Claude, lui, fut bon élève ; 1 an de prépa à Thiers couronna 7 ans au Lycée Mignet. Jamais redoublé, toujours premier en allemand, Erasmus avant l’heure, il jouait rugby et foot au Lycée de Stuttgart sur des pelouses vertes, plus douces aux genoux que nos terrains empierrés. Amoureux d’une allemande, il se maria et eut deux filles, dont il est très fier « ma plus belle réussite, malgré mon divorce ».

 

« Et ta carrière, alors ? » … Mes questions de relance sont bateau. Je me dis qu’il est difficile de faire un #Kilafee d’un gars blanchi sous le harnais. Quand je l’ai connu, vers 2008, je le croyais parisien jusqu’au bout des ongles, apparatchik d’une grande administration poussiéreuse, La Poste, en fin de carrière, descendu au soleil. Il s’inscrivait au groupe Essec Alumni Provence pour amorcer sa retraite de la vie active, désireux de rencontres. J’imaginais qu’il craignait de se cloitrer et de prendre la poussière. Total quiproquo.

 

« Parcours classique… », qu’il commence, « …chef de produit, directeur marketing, puis DG très opérationnel, petites structures, 50 à 200 personnes… ». Tiens, ça fait 40 de plus que moi. J’aurais pas dit. « …dans le mobilier de bureaux, le service aux entreprises, le transport… ». Eclectique, lui aussi ? « …toujours en Région Parisienne… ». Claude se revendique du XVIème ; ses filles ont étudié à Janson de Sailly. Ouf ! un truc qui colle à ce que je croyais savoir de lui. 

 

« Des noms ? » Il est fier de son parcours professionnel et n’en parle jamais. Comme moi. Il aligne des filiales de boites familiales. Et des filiales de noms connus, Primagaz, Crédit Agricole. Comme moi qui suis passé par celles de Genoyer, de Péchiney et de Suez. Et pour finir, moi c’est consultant tout seul 20 ans, et lui, euh, tout le contraire, si j’ose dire : « J’étais 10 ans l’un des 4 ou 5 N-1 du directeur du Courrier – à La Poste, il y a 3 directions, le Courrier, la Banque et le Colis. J’étais 1 cadre sup parmi tant d’autres. Je venais souvent à Aix. A l’occasion d’une rencontre IAE d’Aix / Essec qui ont un doctorat commun, j’ai été présenté à 2 élus aixois (***) et j’ai rencontré la vie municipale ».

 

Qu’il ne quittera plus. Il passe, pardon, il œuvre 10 ans au ‘Jumelages’, comme responsable des liaisons avec Tübingen, bien sûr, avant d’en devenir président, une sorte de ministre des affaires étrangères de la ville (****), animant en bénévole 70 heures par semaine, la trentaine de personnes et les 200 adhérents, jusqu’à sa vraie retraite, un peu avant Covid. 

 

Et maintenant, Claude, qui note sans fard son parcours entre  AB et B, de préciser comme un conseil aux jeunes générations : « J’étais bosseur, avec une grosse mémoire… il faut avoir des rêves, et travailler dur pour les mettre en œuvre... ». 

 

« Pas de tentation politique ? »… « On m’a proposé, mais je n’ai jamais eu envie, je préférais être libre ; comme président aux Jumelages, je devais rendre des comptes, budget, etc. Mais j’étais libre de mes actions, de mes choix, pour rapprocher les gens. Si c’était à refaire, je ferais pareil »… « L’Essec, ça t’a aidé ? » … « A Sciences-Po, tu apprends le droit public, les institutions, L’Essec, c’est autre chose, tu apprends des trucs aussi, marketing, gestion, management… Et surtout à devenir entrepreneur, humaniste, social, sociétal, celui qui crée des richesses en allant vers les autres ».

 

Aller vers les autres, nous y voilà, c’est mon Claude, celui qui connait tout le monde, et davantage encore le connaissent. Créer du lien, du liant, je le devine se dire « c’est ça que je voulais faire, et je l’ai fait ». Vous le croiserez à La Maison de l’Europe en Provence (*** **), la passion européenne chevillée au corps depuis toujours. A mon envie d’évoquer un livre (*** ***), Claude confesse lire peu. Sa Culture ? le Rugby et la musique. S’il goûte Haendel, Wagner et Beethoven, et ses chers « ArcheTs du Roy René » (*** ****) dont il recrute inlassablement les mécènes depuis une décennie ou plus, Claude danse le rock sur Chuck Berry, Elvis et Johnny. 

 

Quant à la peinture - il m’avait fait rencontrer le directeur du musée Granet pour avoir son avis sur un barbouillis attribué à – ce qu’il aime, ce sont les rencontres et la vie culturelle d’Aix, sa ville : il sort 4 soirs sur 7 (sport, musique, etc.), et de son propre aveu, il est encore loin de s’arrêter.


Yves Martin-Laval (E83) – 

Je vous souhaite un bon Noël depuis La Ciotat, 

pour KILAFEE ESSEC Alumni Provence

 

(*) Michel Bon a été président de Carrefour et de l’ANPE, un genre de modèle anti-Tapie pour ceux de ma génération.

(**) Bataille de correcteurs, sur ce « mitan ». Certain - influencé par une certaine coupe du monde ? - aurait voulu mi-temps, ou mi temps. Savez-vous que #Kilafee, malgré les coquilles restantes, est un modèle de rigueur orthographique et grammaticale. Chaque numéro est relu par au moins deux volontaires, dont Alain Burger. Voudriez-vous en être ? Candidatez auprès de l’auteur, qui ne se relit, lui, qu’en ultime recours, arbitre des élégances et des fautes de styles, mais pas toujours, en témoigne ce « …de longue date » que lui voulait écrire « de longue », que le Littré n’admet.

(***) Bruno Genzana (actuellement conseiller régional Région Sud) - Stephane Salord (actuellement Délégué Régional PACA Génération Ecologie, et d’autres mandats).

(****) L’Association des Jumelages et des Relations Internationales d’Aix avec 15 villes partenaires, dont 6 européennes : Tübingen (1960), Pérouse (1970), Bath (1977), Grenade (1979), Coïmbra (1985) et Pécs (2012).

(*** **)  https://www.maison-europe-provence.eu 

(*** ***) "Jeter un pont entre les hommes", éditions Hirlé, 2007, livre témoignage d’André-Paul Weber, prof d’éco à l’ESSEC, alsacien rhénan, et retraité aixois je crois bien, quand nous l’avions reçu à Essec Alumni Provence pour son autre ouvrage "La colonisation française de l'Algérie, une illusion tragique". 

 

(*** ****)  https://www.lesarchetsduroyrene.com 

 

Claude LAURENS (E66)claude.laurens@cegetel.net  (06) 07 60 77 62

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