#1Mois1Engagé : Clémentine BALDON (E99) « La RSE passe par la remise en question du statu quo pour inspirer le collectif »
18/06/2024
Avocate, chargée d’enseignement à l’ESSEC et membre du Conseil de surveillance de l’ESSEC. Elle est spécialisée en droit européen et international, en droit de la concurrence et en droit de l’environnement. Après avoir travaillé dans des cabinets d’avocats d’affaires internationaux et en entreprise, elle a créé Baldon Avocats qui accompagne des associations et entreprises engagées dans la transition. Avocates de « l’Affaire du siècle », elle est aussi pionnière dans les actions contentieuses visant des pratiques de greenwashing en France. Elle est très impliquée dans la réflexion sur l’évolution des règles du commerce international (droit de l’OMC et arbitrage d’investissements) afin qu’elles ne soient plus un obstacle aux décisions démocratiques des Etats en faveur de l’intérêt général pour une communication responsable.
E.S.B. : Quel est ton parcours et qu’est ce qui t’a amené à t’intéresser au sujet de la RSE ?
C.B : Un mot sur ma formation d’abord : j’ai suivi en parallèle de l’ESSEC (grande école) des études de droit à ParisII Assas et suis devenue avocate dans la foulée en 2002 (puis solicitor en Angleterre en 2005).J’ai commencé ma carrière comme avocate en droit de la concurrence puis suis devenue directrice juridique adjointeau sein de Bouygues Telecom. C’est là que j’ai eu mon premier déclic : en 2016 une conférence animée par ledirecteur RSE du groupe Bouygues m’a fait prendre conscience de l’urgence de la crise climatique et m’a convaincuede travailler sur des sujets environnementaux. J’ai offert mes services en probono à des ONG.Cela a été mon deuxième déclic : j’ai accepté le défi de rédiger en quelques semaines une saisine devant le Conseilconstitutionnel visant les mécanismes d’arbitrage d’investissement contenus dans l’accord de libre-échange entrel’Union européenne et le Canada (le CETA).J’en suis ressortie avec la conviction que le droit international devait évoluer et que j’avais un rôle à jouer.
E.S.B. : la RSE concrètement dans ta vie ?
C.B: Aujourd’hui, la RSE irrigue totalement mon activité. En tant qu’avocate, la quasi-totalité des dossiers que je traite ont une composante RSE très forte que ce soit en contentieux pour des ONG ou en conseil pour des entreprises. Les sujets portent sur la communication responsable et le greenwashing, la vigilance et la responsabilité des multinationales, les tensions entre le droit du commerce international et la capacité des Etats à réguler dans l’intérêt général... Sous ma casquette d’enseignante à l’ESSEC, les cours que je donne sont aujourd’hui tous en lien avec la RSE. C’est aussi le cas des conférences dans lesquelles j’interviens où des articles que je peux être amenée à publier.
E.S.B. : Comment définis-tu la RSE ?
C.B: C’est sûrement une déformation professionnelle mais j’aime bien la définition littérale du terme RSE qui renvoie à la responsabilité de l’entreprise vis-à-vis de la société. Celle-ci n’est pas figée mais évolue en même temps que la société et les connaissances scientifiques.
E.S.B : Comment est-ce un catalyseur au business et avec quel type de ROI ?
C.B: Aborder la RSE de manière centrale et intelligente permet de s’interroger sur les tendances sociétales de plus long terme en lien avec l’activité de l’entreprise et donc de les anticiper plutôt que de les subir. La RSE donne aussi une boussole éthique indispensable à une bonne gouvernance et joue un rôle d’amortisseur face à des risques réputationnels qui, avec l’amplification des réseaux sociaux, ont la capacité à détruire une entreprise. Plus profondément, je suis persuadée qu’une entreprise qui n’apporte aucune valeur à la société est vouée à disparaitre à plus ou moins long terme.
E.S.B : Que voudrais tu dire aux Alumni ESSEC du Club et autres ?
C.B: Il est de notre responsabilité individuelle et collective de transformer le système afin qu’il permette un avenir plus durable et juste. Changer sa manière de travailler sous le prisme de la RSE peut parfois sembler risqué ou inutile face à des défis de nature systémique. Je suis pourtant intimement convaincue que le changement systémique viendra d’une série d’actions audacieuses notamment des entreprises remettant en question le statu quo et inspirant les autres.
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