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Julien Daillère (E03) : « Le collectif Artistes au téléphone efface la distanciation sociale »

Interviews

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18/05/2020

Comment contourner la fermeture des lieux culturels ? La question taraude tant les artistes que le public. L’auteur, comédien et metteur en scène Julien Daillère (E03) y répond à sa manière, avec le collectif Artistes au téléphone. 

ESSEC Alumni : Comment l'idée d’Artistes au téléphone vous est-elle venue ?

Julien Daillère : Après l’annulation début mars d’un déplacement universitaire à l’étranger et d’une semaine de résidence pour la création d’un prochain spectacle, je me suis rendu compte que j’étais confiné avant l’heure. Le 14 mars, j’ai entrepris de lire mes textes par téléphone en postant des annonces sur Facebook. Deux jours plus tard, lors de l’officialisation du confinement, j’ai créé le groupe Facebook Artistes au téléphone pour proposer à d’autres artistes de me rejoindre.

EA : Que propose le collectif aujourd’hui ?

J. Daillère : Nous rassemblons désormais un peu plus de 400 membres. Depuis le lancement, une trentaine ont posté des annonces pour préciser leurs propositions : texte, chant, musique… avec un mode de prise de rendez-vous et éventuellement un lien pour une donation. C’est autogéré. Les internautes lisent les annonces qui se succèdent sur le mur du groupe, puis appellent ou prennent rendez-vous. Ces appels sont des moments privilégiés. L’intimité d’une voix inconnue adressée à soi, pour un poème ou un chant, efface un peu les frontières de la distanciation sociale et ouvre à un imaginaire qui ne passe pas par l’image ou l’écran.  

EA : Vous organisez également une scène ouverte hebdomadaire…

J. Daillère : En effet, tous les jeudis soirs, nous proposons une scène ouverte sur Zoom, en audio seul, avec des lectures de 5 minutes par artiste. Le public applaudit entre chaque texte, commente, échange. Une sorte de salle virtuelle !

EA : Allez vous continuer maintenant que le confinement a pris fin ?

J. Daillère : De fait, nous vous donnons encore rendez-vous ce jeudi 21 avril sur Zoom ! Plus largement, je pense que ce projet va perdurer car le confinement a constitué un déclic et permis de se rendre compte que l’audio du téléphone peut servir à développer de nouvelles pratiques. Début avril, j’ai effectué une télérésidence avec l’Institut Français de Cluj Napoca en Roumanie et une téléperformance à Besançon via l’artiste Agathe Guignard que je guidais par téléphone pour dire un texte et faire des mouvements devant ses co-confinés… C’est aussi une piste de réponse sur le coût écologique des déplacements des artistes à l’international, et sur la coopération avec des artistes locaux. 

EA : Avez-vous d’autres pistes de recherche pour le téléphone ?

J. Daillère : En ce moment, je travaille avec l’entreprise TLM Com sur la mise en place d’un modèle de « Serveur Vocal Interactif Poétique » pour des structures culturelles mais aussi pour les entreprises. Le parcours à travers l'arborescence, conçu comme une expérience poétique à part entière, aboutira à des contenus audio qui feront découvrir une programmation, un cœur de métier… autrement.


Propos recueillis par Franck Asenkat (E99), président du Club ESSEC Théâtre

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Image : © Bertrand Boullard

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