Alexandra Lougovoy (E09), dircom de Vulog : « La mobilité de demain sera partagée, électrique et autonome »
Alexandra Lougovoy (E09) a récemment été nommée directrice marketing et communication de Vulog, scale-up spécialisée dans les technologies d'autopartage. Un poste d’observation privilégié pour envisager l’avenir de la mobilité.
ESSEC Alumni : Pourquoi avoir rejoint Vulog ?
Alexandra Lougovoy : Je me suis épanouie pendant 8 années au sein de grands groupes alliant mes passions pour la tech et l’industrie du voyage et des transports : Accorhotels, Carlson Wagonlit Travel puis SAP Concur. Il me tardait cependant de rejoindre une aventure à taille plus humaine, dont l’histoire serait encore à écrire, et qui me permettrait d’avoir un réel impact à l’intérieur de l’entreprise comme à l’extérieur, sur notre tissu économique et notre environnement. L’opportunité de rejoindre Vulog pour bâtir la stratégie et le département marketing et communication est arrivée à point nommé !
EA : Quelles sont les activités de Vulog aujourd’hui ?
A. Lougovoy : Vulog est le leader mondial des solutions technologiques de mobilité partagée. Notre plateforme AiMA permet aux grands acteurs de l’automobile (constructeurs, loueurs et distributeurs) comme aux nouveaux opérateurs de mobilité (énergie, assurance, télécoms…) de lancer et exploiter des services d’autopartage à large échelle partout dans le monde, en moins de trois mois. Souvent qualifiés de « l’Intel du car-sharing », nous réalisons 95 % de notre activité à l’étranger et 22 millions de trajets par an.
EA : Quels grands projets menez-vous actuellement ?
A. Lougovoy : Nous équipons, entre autres, le service de véhicules électriques en libre-service WeShare de Volkswagen à Berlin et bientôt Prague et Hambourg (1 500 voitures électriques par ville), de Getaround à Rotterdam, ou encore de Peugeot via le service Free2Move. Nous nous réjouissons aussi de notre premier projet Tesla d’ici quelques mois aux États-Unis.
EA : Quel est le stade de développement de Vulog ?
A. Lougovoy : Vulog a vu le jour à Antibes en 2006. L’entreprise est passée de la start-up à la scale-up et au leader technologique en 2015/2016 avec l’arrivée de BPI France & ETF Partners au capital et de Gregory Ducongé comme CEO. C’est alors que se sont multipliés les grands projets d’autopartage à l’international avec de grands constructeurs automobiles, et que la croissance s’est accélérée. Nous sommes aujourd’hui plus de 100 « Vulogers » basés principalement à Nice, mais aussi aux bureaux de Paris, Toronto, San Francisco et Shanghai. Vulog a récemment été désignée par Forbes comme l’une des vingt entreprises françaises à potentiel de licorne.
EA : Le développement de Vulog accompagne celui de l’autopartage. Comment expliquer l’essor de ce secteur aujourd’hui ?
A. Lougovoy : La mobilité partagée est au cœur de la profonde transformation que traverse l’industrie automobile actuellement : se lancer sur ce marché est presque devenu une condition de survie pour les constructeurs qui doivent se réinventer en acteurs technologiques, démocratiser le véhicule électrique et réduire leurs émissions de CO2.
EA : L’autopartage est aussi devenu un sujet stratégique pour les villes…
A. Lougovoy : En effet, l’autopartage est une solution pour les villes qui doivent trouver des moyens efficaces de lutte contre le réchauffement climatique. Un véhicule en autopartage représente 10 à 14 véhicules privés en moins dans les rues : autant dire qu’on tient là une mesure des plus efficaces pour réduire la pollution et la congestion tout en répondant aux besoins de mobilité des citadins.
EA : Quid du développement de la multimodalité dans ce contexte de MaaS (Mobility-as-a-Service) ?
A. Lougovoy : Les opérateurs proposent de plus en plus de services combinant voitures électriques et véhicules plus légers (scooters et trottinettes) à portée d’une seule et même application pour les utilisateurs. Vulog se positionne comme partenaire de tous ces acteurs, sur le plan technologique comme sur celui de l’ « insight » (data et expertise humaine) afin de les accompagner vers le succès.
EA : Plus largement, quelles sont les perspectives du secteur de l’autopartage pour les années à venir ?
A. Lougovoy : Le secteur est en plein boom mais surtout, gagne en durabilité. Selon une étude de PWC, plus d’un kilomètre sur trois sera « partagé » d’ici 2020. Tous les constructeurs automobiles se lancent donc sur le marché, au point que celui-ci tend déjà à se concentrer, comme le montre la joint-venture BMW-Daimler, avec le service Share Now, ou encore la joint-venture Kia-Repsol, avec le service Wible à Madrid, qui témoigne de l’arrivée en force des grands acteurs de l’énergie. Sans parler des opérateurs de trottinettes partagées : même Ussain Bolt a lancé son service aux États-Unis et en Europe ! Mais là aussi, la concentration frappe déjà fort : à Paris par exemple, on ne compte plus que 5 opérateurs sur les 12 qui se disputaient le marché il y a encore 5 mois.
EA : Et le véhicule autonome ? Croyez-vous à son développement ?
A. Lougovoy : L’avenir nous le dira. Une chose est sûre cependant : si vous souhaitez vous préparer à opérer des flottes de robot-taxis dans un futur proche, mieux vaut mettre le pied à l’étrier dès maintenant en vous familiarisant avec les services d’autopartage existants !
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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