Jérôme Adam (E00) : « 1 jeune sur 4 se trouve en situation de vulnérabilité psychique »
Jérôme Adam (E00) lance la Fondation Tout pour être heureux qui vise à développer les compétences psychosociales des jeunes. Il présente ses actions – et vous invite à réserver vos places pour son premier événement le 26 novembre au Grand Rex à Paris.
ESSEC Alumni : Comment votre parcours vous a-t-il mené à vous engager dans le développement des compétences psychosociales des jeunes ?
Jérôme Adam : Tout est parti de mon histoire personnelle. D’abord, j’ai perdu la vue peu avant mes 15 ans à la suite d’une tumeur au cerveau. Ensuite, mon frère a sombré dans l’addiction aux stupéfiants et à l’alcool jusqu’à en décéder à seulement 35 ans. Aujourd’hui, je sillonne la France pour des ciné-débats autour du documentaire Tout pour être heureux ? que j’ai produit et qui donne la parole aux familles confrontées à l’addiction d’un de leurs membres. Autant d’épreuves et d’expériences qui m’ont fait constater à quel point les jeunes et leur entourage sont démunis face aux épreuves de la vie. D’où l’idée de la Fondation Tout pour être heureux.
EA : Quelle est la mission de la Fondation Tout pour être heureux ?
J. Adam : Nous souhaitons aider les jeunes à s’épanouir et à se projeter dans l’avenir – meilleur moyen de prévenir les comportements à risque – en développant leurs compétences psychosociales : confiance en soi, liberté de jugement, sécurisation affective, gestion des émotions…
EA : Quel bilan peut-on dresser de la santé mentale des jeunes aujourd’hui ?
J. Adam : En 2023, 1 jeune sur 4 se trouvait en situation de vulnérabilité psychique selon l’Observatoire EcolHuma, 33 % exprimaient un sentiment de solitude selon la Fondation de France, et le harcèlement scolaire bondissait de 69 % par rapport à l’année précédente selon l’Éducation nationale. Et selon Santé Publique France, les pensées suicidaires ont doublé chez les 18-24 ans depuis 2014. On pourrait multiplier les chiffres : de fait, tous les symptômes du mal-être connaissent une hausse dans cette classe d’âge depuis plusieurs années – violences, addictions, phobies, troubles alimentaires…
EA : Face à ce constat, quelles actions engagez-vous avec la Fondation Tout pour être heureux ?
J. Adam : Il nous paraît primordial de décloisonner ces différents sujets pour adopter une démarche de prévention globale. L’approche par les compétences psychosociales (CPS) permet justement d’éviter de raisonner en silos et, bien qu’encore sous-exploitée en France, elle a déjà démontré son efficacité pour favoriser la réussite éducative et sociale. À partir de ce socle, nous agissons sur trois axes de prévention complémentaires : les terrains de vulnérabilité (stress, angoisse…), l’environnement (la famille, l’école…) et le rapport aux substances.
EA : Avec quels objectifs ?
J. Adam : À l’école et dans les lieux de socialisation des jeunes, nous voulons multiplier les programmes de développement des compétences psychosociales et former les enseignants, les éducateurs et les équipes pédagogiques. Dans les familles, nous voulons diffuser des outils et jeux pédagogiques, faciliter l’orientation et la « pair-aidance », favoriser le dialogue entre les parents et leurs enfants sur les dangers des comportements à risque. Dans le débat public et sur le terrain, nous voulons promouvoir la nécessité de cultiver les compétences psychosociales et mesurer scientifiquement leur rôle dans la prévention.
EA : Prévoyez-vous d’étendre vos actions à l’international ?
J. Adam : Nous sommes placés sous l’égide de la Fondation Roi Baudouin qui prend soin de relayer nos actions auprès de ses antennes belges et anglaises et plus largement à son réseau en Amérique du nord et en Asie. Nous ambitionnons clairement d’agir au-delà de la France et de mobiliser des donateurs du monde entier.
EA : Aujourd’hui, qui s’engage à vos côtés ?
J. Adam : Outre moi-même et un membre de la Fondation Roi Baudouin, notre comité de gestion compte Octavie Baculard (E90), cofondatrice de l’agence Kimso spécialisée dans l’étude d’impact, et Florence Rizzo (E07), cofondatrice d’EcolHuma qui aide enseignants et chefs d’établissement scolaire à se former pour donner les meilleures chances à tous les élèves. Notre comité d’orientation est pour sa part (et pour l’heure) composé de Laurence Vivarès (E83), experte en communication, de Nathalie Schmitt, experte en finance et conformité, et de Jean-Pierre Couteron, psychologue-clinicien. Enfin, notre comité de soutien comprend pour sa part plusieurs membres dont certains préfèrent rester anonymes. Je dis souvent aux personnes qui nous appuient qu’elles ne sont pas obligées de s’exposer ni de raconter leur histoire publiquement pour s’engager.
EA : Pour marquer votre lancement, vous organisez une grande soirée « #NosFuturs : donnons plus de futurs à nos jeunes » le 26 novembre au Grand Rex à Paris. Quel est le programme ?
J. Adam : Cet événement, où nous attendons jusqu’à 2 700 personnes, s’articulera autour de la projection de mon documentaire Tout pour être heureux ?. Nous prévoyons des animations pour divertir et des débats pour réfléchir avec des personnalités inspirantes comme l’aventurier et para-athlète Philippe Croizon ou le Père Pedro, fondateur de l'œuvre humanitaire Akamasoa contre la pauvreté à Madagascar, ainsi que des professionnels qui viendront bousculer nos certitudes sur la santé mentale et les compétences psychosociales. Au passage, je remercie vivement l’ESSEC et ESSEC Alumni pour leur soutien sur cette opération.
EA : Comment les ESSEC peuvent-ils soutenir la Fondation Tout pour être heureux ?
J. Adam : En réservant vos places dès maintenant pour le 26 novembre – à titre personnel ou via votre entreprise. Et/ou en nous faisant un don. Un grand merci à vous !
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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