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Lucas Pernollet (E09), fondateur de L’Union des Savoirs : « Nous voulons éclairer tous les citoyens »

Interviews

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09.17.2018

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Lucas Pernollet (E09) a créé L’Union des Savoirs pour mieux informer les citoyens face aux fake news et aux extrémismes. Parmi ses actions : conférences de vulgarisation, interventions en milieux scolaires et défavorisés, interviews… Rencontre alors qu’il recherche de nouveaux partenaires. 

ESSEC Alumni : Comment votre parcours vous a-t-il mené à lancer L’Union des Savoirs ?

Lucas Pernollet : À titre personnel, j’ai toujours été assoiffé de rencontres et de savoirs. C’est donc assez naturellement que m'est venue l'envie de réunir des personnes d'horizons différents pour partager leurs connaissances. Mais de l'idée à la réalisation, il a fallu du temps ! J’ai d'abord testé mon concept en parallèle d'un emploi salarié et d'autres activités associatives. Jusqu'au moment où j'ai senti que j'avais besoin de donner plus de sens et d'utilité à ma vie professionnelle, et que j'étais prêt à consacrer un temps plein à mon projet.

EA : Aujourd’hui, quelles sont les activités de L’Union des Savoirs ?

L. Pernollet : Nous intervenons en milieu scolaire et dans des centres sociaux, notamment dans des quartiers difficiles : forums métiers, sensibilisation (sur le cyberharcèlement, les discriminations…), ateliers (pour aider des élèves de 3ème à trouver leur stage, des lycéens à gagner en éloquence…). Nous proposons en outre un cycle de conférences de vulgarisation, gratuites pour les personnes en situation de handicap, en recherche d’emploi, ou au RSA, et à tarif réduit pour nos adhérents (3 à 5€ pour les étudiants, 9 € pour les autres), sur des sujets allant de la conquête de l’espace jusqu’au bitcoin en passant par l’intelligence artificielle. Ces conférences sont suivies d’un pot permettant de rencontrer des profils de tous âges, professions et origines sociales, dans un cadre sympathique. Enfin, nous réalisons des interviews YouTube de personnalités du monde intellectuel et culturel, comme Raphaël Enthoven et Ariane Mnouchkine.

EA : Vous réservez aussi certaines de vos activités à votre réseau d’expert(e)s…

L. Pernollet : On distingue là aussi trois types d’activités : des événements de networking pluridisciplinaire pour rencontrer des profils variés dans un cadre convivial (verres, dîners, sorties culturelles …) ; des échanges en ligne sur une plateforme dédiée, pour se poser des questions entre experts, lancer des débats, etc. ; et un relai sur les réseaux sociaux pour ceux qui ont des contenus à promouvoir (vidéos, articles…).

EA : Quels objectifs poursuivez-vous avec L’Union des Savoirs ?

L. Pernollet : Nous mettons tout le monde en valeur : les spécialistes, qui parfois ont l’impression de ne pas être considérés à leur juste valeur et se sentent trop peu écoutés ; et ceux à qui ils transmettent leurs connaissances, qui ressortent grandis de nos événements. Ce faisant, nous cherchons à éclairer davantage les citoyens, qui pour beaucoup sont écrasés par l’immense (et croissante) complexité du monde actuel, à l’heure du brouhaha permanent, du culte du buzz, des fake news, ainsi que de la montée du conspirationnisme et des extrémismes politiques et religieux. Des citoyens mieux informés, ce sont des citoyens plus libres, qui prennent de meilleures décisions - et qui sont plus heureux, car ils (re)découvrent le plaisir d'apprendre !

EA : Comment se sont passées les deux premières années d’exercice de L’Union des Savoirs ?

L. Pernollet : En 2016-2017, nous avons organisé notre premier cycle de conférences, ainsi que des événements de networking pour nos expert(e)s, dans des conditions pas toujours idéales. En 2017-2018, nous avons amélioré le format, renforcé la communication - et doublé la fréquentation de nos conférences ! Nous avons aussi lancé les interventions pédagogiques dans les quartiers, avec cette idée : les conférences c’est bien, mais les gens viennent de leur plein gré ; si on veut avoir un vrai impact, on doit toucher des personnes qui ne seraient pas forcément venues d’elles-mêmes. La même année, nous avons également démarré notre chaîne YouTube et « industrialisé » les activités réservées aux experts. Au premier semestre 2018, j'ai été accompagné d’une stagiaire, sans laquelle l’association n’aurait jamais connu une telle croissance. Et une nouvelle vient d’arriver, qui est d’ailleurs étudiante dans une petite école de commerce basée à Cergy-Pontoise…

EA : Avez-vous une idée précise des publics que vous avez réussi à toucher ? 

L. Pernollet : 15 interventions pédagogiques ont été réalisées en 2017-2018, auprès d’environ 250 jeunes. On voudrait a minima doubler cet impact en 2018-2019, et élargir les sujets abordés, par exemple en créant des ateliers d’initiation à la philosophie. Côté conférences, c’est un peu plus de 1 000 personnes qui sont venues à 24 événements en 2 ans ! Un public extrêmement varié et assez équilibré : des étudiants (dont beaucoup d’étrangers puisqu’on est implantés à la Cité Internationale Universitaire de Paris), des actifs plus ou moins jeunes, des retraités… Pour les vidéos YouTube, on a pour l’instant interviewé des personnalités assez pointues, on pense donc que le public est plutôt constitué de passionnés. On a quand même dépassé les 30 000 vues cumulées au bout d’un an d’activité. Mais on est en train de réorienter un peu le contenu pour parler à davantage de monde.

EA : À terme, quel business model souhaitez-vous développer ?

L. Pernollet : Sans remettre en cause les activités actuelles, qui fonctionnent et qui plaisent, on a besoin de ressources supplémentaires, parce qu’il faut au moins deux équivalents-temps-plein pour faire tourner l’association. Plusieurs pistes sont possibles. Premièrement, dégager encore plus de recettes - en faisant davantage d’interventions pédagogiques, en attirant plus de monde aux conférences, en augmentant le nombre d’adhérents… Deuxièmement, recourir aux dons et au mécénat dans des proportions plus importantes. Troisièmement, développer des activités tournées vers les entreprises, comme le placement de speakers.

EA : Plus largement, quelles sont les prochaines étapes de développement de L’Union des Savoirs ?

L. Pernollet : Nous allons intensifier les activités existantes donc, mais aussi muscler notre communication et élargir notre programme à la peinture et à la littérature, en plus des sciences, du droit et de l’économie. Pour les vidéos, nous allons nous concentrer sur des discours plus accessibles et lancer des portraits courts et dynamiques d’adhérents de l’association aux profils particulièrement intéressants et inspirants.
À plus long terme, nous pensons naturellement à étendre nos activités en dehors de l’Île-de-France. Nous avons déjà des contacts intéressés dans plusieurs villes, et même en outre-mer.
Il y a aussi la piste du think tank : nous pourrions mobiliser notre vivier d’experts pour produire une réflexion pluridisciplinaire au service de l’intérêt général. Mais il faudrait réussir à rester apolitiques, et je ne suis pas sûr qu’il soit possible d’atteindre cet idéal…
Ce qui compte pour nous, c’est d'être utile. Nous le sommes déjà, mais notre impact reste trop circonscrit. Notre ambition, c’est de changer d’échelle.

EA : Le fait d’avoir fait l’ESSEC vous aide-t-il dans vos missions ?

L. Pernollet : Bien sûr ! J’ai précisément intégré l'ESSEC dans le but d’acquérir des savoirs techniques utiles et transposables dans tout type d’organisations (droit, comptabilité, finance…), pour le jour où je lancerais mon propre projet. La scolarité à la carte et l'apprentissage m’ont permis d’atteindre ces objectifs. Je voulais en outre acquérir une expérience concrète et variée du monde professionnel, et là aussi, le sésame ESSEC a été un avantage incroyable, qui m’a ouvert pour ainsi dire toutes les portes que je voulais pousser : j’ai connu les stages, l’alternance, les CDD, les CDI, le temps partiel et le temps plein, les PME, les grands groupes, l’associatif, le travail à l’étranger (Japon et Kenya), l’administration… C’est indéniablement mon diplôme qui m’a donné accès à toutes ces opportunités – et, aussi, qui m’a donné le courage de quitter mon job quand je n’y étais plus heureux, car grâce à lui j’avais l’intime conviction que je retomberais toujours sur mes pattes.

EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir L’Union des Savoirs ?

L. Pernollet : Ils peuvent déjà adhérer et ainsi rejoindre un réseau extrêmement varié où croiser aussi bien des vétérinaires que des avocats, des astronomes ou encore des économistes. Ils peuvent également intervenir avec nous dans les quartiers : plus nous aurons de volontaires, plus nous serons en mesure de répondre aux immenses besoins éducatifs. Et ils peuvent faire un don en ligne, ou nous aider à trouver des mécènes, voire le devenir eux-mêmes, afin de nous aider à partager la connaissance au plus grand nombre !

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11), responsable des contenus ESSEC Alumni

 

En savoir plus :

www.union-des-savoirs.fr

 

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