Reflets #135 | Geoffroy Roux de Bézieux (E84), président du MEDEF : « Il faut inventer de nouveaux modes de travail et de consommation »
Geoffroy Roux de Bézieux (E84), président du MEDEF, fait la couverture de Reflets #135 ! À la tête du Medef depuis deux ans et demi, il est en première ligne pour défendre les entreprises françaises face à la pandémie du COVID-19, et à ses graves conséquences sur l'état de santé de l'économie française. Une crise sans précédent qui selon lui a mis en lumière les lourds handicaps structurels que connaît la France et doit conduire à changer de paradigme en inventant de nouveaux modes de travail et de consommation. Un énorme challenge qui n'effraie pourtant pas ce « serial entrepreneur », père de quatre enfants, grand amateur de rugby et de triathlon, qui choisit d'effectuer deux ans de service militaire dans les commandos marine à sa sortie de l'ESSEC. On vous offre son interview en version digitale.
Reflets Magazine : Le COVID-19 a durement frappé plusieurs centaines de milliers de Français depuis le début de l'année ; la pandémie pourrait-elle tuer l'économie française ?
Geoffroy Roux de Bézieux : Depuis le mois de mars et en l’espace de quelques mois, toutes les entreprises ont été mises à très rude épreuve. Le choc a été brutal et il est difficile d’en mesurer l’impact à long terme car c’est une crise inédite par sa nature. Ce n’est pas la crise des tulipes de 1636. Ce n’est pas la crise sociale de 1968. Ni celle, financière, de 2008. Pour la première fois dans l’histoire de l’économie moderne, les États ont choisi de ralentir volontairement l’économie. Au premier déconfinement, les entreprises étaient reparties assez fortement, excepté quelques secteurs durablement touchés comme l'événementiel, l'hôtellerie, le transport aérien… Mais le coup de massue des nouvelles fermetures va avoir un impact très fort, car les entreprises sont globalement affaiblies.
RM : Quel est aujourd'hui l'impact de la pandémie sur les entreprises ?
G. Roux de Bézieux : Avec la fermeture des commerces et des restaurants, et « l'effet halo » sur le reste de l'économie, on devrait perdre 50 milliards de PIB en novembre. Sans parler de l'impact psychologique qui est difficile tant pour les salariés et les chefs d'entreprise que pour les investisseurs.
RM : Depuis le 30 octobre, le pays est à nouveau confiné ; était-ce nécessaire selon vous ?
G. Roux de Bézieux : Nous sommes bien sûr conscients de la gravité de la situation pandémique, mais la plupart des grands pays ne ferment pas tous leurs commerces. Nous avons un très fort tissu de commerces indépendants et de franchises en France. Et pour qu'un confinement fonctionne, il faut qu'il soit compris et accepté. Or, ce n'est pas le cas.
RM : Pourquoi réclamez-vous l'ouverture au plus vite des commerces « non essentiels » ?
G. Roux de Bézieux : Les efforts du MEDEF et des fédérations du commerce ont payé, les commerces ont pu rouvrir le 28 novembre et ça, c’est une très bonne nouvelle. On n’aurait pas pu passer un mois de décembre avec des magasins fermés, cela aurait été un tsunami économique, car lorsqu’un magasin ferme, c’est l’ensemble de la chaîne qui est touchée, les fournisseurs, les distributeurs… Rouvrir les magasins, avec bien sûr un protocole strict, c’est le meilleur moyen de concilier impératifs économiques et sanitaires. Je tiens à saluer les commerçants qui ont joué le jeu dès les premiers protocoles en les appliquant rigoureusement pour accueillir dans les meilleures conditions leurs clients. Enfin, n’oublions pas les secteurs qui ne peuvent toujours pas rouvrir, malgré tous les efforts consentis, comme les restaurateurs, les salles de sport, les stations de ski. Ou ceux qui sont durablement impactés comme l’événementiel. Nous sommes à leurs côtés et nous travaillons dès maintenant pour leur permettre de pouvoir repartir au plus vite.
RM : Vous craignez des faillites dans ce secteur ?
G. Roux de Bézieux : Il y a une profonde colère qui s’est installée chez des centaines de milliers d’entrepreneurs, particulièrement les commerçants qui sont confrontés parfois à des situations kafkaïennes. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en leur imposant ces nouvelles mesures de confinement, on met en péril, dans beaucoup de cas, ce qui constitue leur patrimoine, le travail de toute une vie. Dans certains cas, ils ne se remettront pas de cette crise.
RM : Quelles seraient les mesures à mettre en place, sur le plan économique, en cas de poursuite de la pandémie jusqu'à l'été ?
G. Roux de Bézieux : Face à la crise du COVID-19, l’État a demandé aux entreprises de s’arrêter. Il était légitime qu’il les aide à repartir en mettant en œuvre des dispositifs de soutien massifs. Mais les aides ne remplacent pas la perte de chiffre d’affaires. C’est particulièrement vrai pour les PME qui sont au-dessus des seuils du fonds de solidarité. Sur ce dispositif comme sur beaucoup d’autres, il y a un gros trou dans la raquette. Le fonds de solidarité de 10 000 euros, c’est pour les entreprises de moins de 50 salariés. Si vous avez 51 salariés, vous n’avez droit à rien. Il faut absolument corriger ce problème parce que beaucoup trop d’entreprises ne sont pas couvertes par les dispositifs.
Il faut également s’interroger sur le soutien à ce que j’appelle l’économie présentielle : la culture, le tourisme, l’événementiel, la restauration, les services à domicile. Nous ne voulons pas d’un scénario schumpetérien, qui supposerait que les destructions d’entreprises aujourd’hui seront compensées par les créations de demain. Ce serait accepter une perte de l’appareil productif et de savoir-faire. Nous planchons sur l’idée d’un plan de redémarrage de cette économie. Une sorte de plan de relance numéro deux que l’on pourrait activer non pas maintenant mais dans six mois.
RM : Est-il aujourd'hui possible pour les entreprises d'anticiper une troisième vague ?
G. Roux de Bézieux : Le plus important, c’est de donner rapidement un signal, une perspective. Ce virus est aussi une affaire de psychologie collective. La reprise a été plus forte que prévu car les acteurs économiques avaient l’impression d’être sortis du cauchemar. Le fait de replonger sans perspectives pour 2021 est difficile. Ce qu’on attend du gouvernement ce sont des aides de court terme. Mais surtout la possibilité de planifier notre activité avec le COVID-19. La croissance dépendra aussi de cet horizon que l’on donne.
Il faut changer de paradigme, pas seulement faire du curatif mais inventer de nouveaux modes de travail et de consommation. On ne sait pas pour combien de temps le virus est là. L'État ne va pas pouvoir continuer pendant des mois à financer les salaires et la trésorerie des entreprises privées. Il faut donc qu’on définisse, avec les ministères de la Santé et du Travail, le conseil scientifique, les protocoles qui permettent de poursuivre l’activité, de produire, de consommer, de vivre tout simplement. Il faut une stratégie sanitaire et économique.
RM : Depuis le début de la pandémie, le gouvernement invite les entreprises à développer le télétravail ; pourquoi estimez-vous que ce n'est pas la panacée ?
G. Roux de Bézieux : Cette situation de travail à domicile est légitime dans le cadre de la pandémie. Le gouvernement nous a demandé le télétravail obligatoire à 100 % sur tous les postes télétravaillables, mais ce n'est pas toujours simple à définir précisément car certaines personnes ont besoin de venir sur leur lieu de travail de temps en temps. Bien sûr, le Medef est favorable au développement du télétravail. Cependant il faut comprendre que nous ne sommes pas dans un cadre de télétravail normal, mais de travail à domicile imposé par la pandémie. Ce ne sont pas les mêmes conditions. On ne choisit pas le travail à domicile ; le télétravail, si.
RM : Le Medef que vous présidez vient d'organiser la REF numérique ; de quoi s'agit-il ?
G. Roux de Bézieux : Depuis six ans, l’Université du numérique, devenue la REF numérique, est un rendez-vous d’information et d’échanges sur l’innovation digitale à destination des entreprises. Compte tenu du contexte sanitaire, notre événement s’est tenu en 100 % digital le 10 novembre. Comme pour la REF estivale, le COVID-19 ne doit pas arrêter les initiatives, les entreprises ont particulièrement démontré leur capacité à s’adapter dans cette période compliquée et le Medef aussi : les sujets numériques dans un format 100 % numérique, cela a du sens ! Pour cette édition, nous avons voulu mettre un peu les pieds dans le plat du débat sur l’empreinte écologique du numérique et faire passer l’idée que sans progrès technologique, il n’y a pas de transition écologique possible, sauf à faire le choix de vivre comme des ermites !
RM : Les entreprises françaises sont-elles en retard en matière de digitalisation par rapport aux entreprises anglo-saxonnes ?
G. Roux de Bézieux : On le sait, la crise a été un booster en matière de digitalisation pour les entreprises françaises, notamment pour les TPE et les PME qui accusaient un certain retard par rapport à leurs voisines européennes. Cela a commencé par le travail à distance, même si cela a été fait dans l’urgence. Ensuite, tous les sites marchands ont bien marché, ce qui a incité les entreprises à se développer dans ce domaine. Mais sur le web, « the winner takes it all ! », ce qui crée des monopoles de fait. Et donc cela a renforcé les plus forts. Amazon bien sûr dans le e-commerce, mais les GAFA de manière générale. Sans parler des problèmes de concurrence fiscale qui ne sont pas réglés… Finalement, la progression n'est pas si forte en termes de business. Raison de plus pour que nous ayons appuyé la décision de Bruno Le Maire de mettre en place un plan de développement du commerce en ligne.
RM : Nous consacrons, dans le nouveau numéro de Reflets, un dossier à l’excellence française. Comment la définiriez-vous ? En quoi les entreprises françaises peuvent-elles sortir du lot ?
G. Roux de Bézieux : Il y a toujours eu une place forte réservée à l’innovation dans notre pays, il faut accélérer, se donner les moyens de faire rayonner le label made in France ou tout du moins le made in Europe. Nous sommes quand même dans le top 5 des pays dépositaires de brevets au monde, nous avons la capacité de former des talents qui feront les métiers de demain. Là aussi, il faut engager cette révolution des métiers, former toutes les générations aux nouvelles compétences et savoir attirer et retenir les talents.
RM : Le développement du numérique est-il conciliable avec plus d'écologie ?
G. Roux de Bézieux : La crise sanitaire a montré l’importance du numérique pour le maintien de la vie économique et le maintien de la vie sociale, c’est aussi une question de compétitivité des entreprises et il est totalement illusoire de croire que l’on peut faire machine arrière. On est du côté de ceux qui pensent que la technologie propose et que les consommateurs disposent. C'est à nous d'en faire un meilleur usage. Il faut trouver une solution pour éviter que l'augmentation de la donnée augmente les émissions de CO2. Gardons-nous d'opposer écologie et numérique. Le Medef soutient et encourage la digitalisation des entreprises. On promeut une numérisation responsable ; cette responsabilité se pose dans plusieurs domaines : qu’est-ce qu’on fait avec les données, quel algorithme on utilise ? Quelle est notre approche de l’usage des outils et de leur renouvellement ?
RM : Face à la crise, y a-t-il un espoir de retrouver du made in France – notamment avec les aides aux relocalisations industrielles ? Quel chemin pour les entrepreneurs, quels besoins pour retrouver le made in France ? Besoins d'innovation, de proximité, et d’un écosystème stimulant ?
G. Roux de Bézieux : La souveraineté économique n’est plus un gros mot au Medef. J’ai d’ailleurs créé un comité qui travaille sur ce sujet depuis le lendemain de mon élection en juillet 2018. Il ne s’agit pas de verser dans le protectionnisme ou d’enterrer la mondialisation, mais de rebâtir des industries fortes, compétitives et résilientes, afin de gagner en autonomie face aux autres grandes régions économiques du monde. Cela aura toutefois un coût : un masque produit en France sera toujours plus cher que son équivalent en Chine. On reproche à l’industrie européenne d’avoir délocalisé, mais ce mouvement s’est produit sous la pression des prix et des clients, parce que la compétitivité du site France n’était plus au bon niveau. Relocaliser en France ne peut se faire qu’en améliorant sensiblement notre compétitivité-coût et hors coût, tout en garantissant par ailleurs les conditions d’une concurrence équitable au niveau mondial.
RM : Vous êtes arrivé à la tête du Medef il y a un peu plus de deux ans ; quel bilan tirez-vous de votre action à presque mi-parcours ?
G. Roux de Bézieux : J’ai souhaité que le Medef ne soit pas seulement un Medef de combat, mais surtout un Medef de propositions. Nous avons pris part aux grands débats qui animent notre société en affirmant notre rôle d’apporteur de solutions. Depuis plusieurs années, des sujets brûlants ont surgi partout en France et dans le monde. Des questions sur la soutenabilité de la croissance bien sûr, mais aussi sur les inégalités, réelles ou perçues, sur le libre-échange et le commerce mondial, sur la souveraineté, sur le modèle démocratique… Ces interrogations sont encore renforcées dans le contexte de crise sanitaire que nous connaissons actuellement. Dans ce monde de disruption et de multiplication des parties prenantes, l’État n’a plus le monopole de l’intérêt général. Au même titre que les syndicats de salariés, au même titre que les ONG, les entrepreneurs sont dépositaires d’une partie du bien commun. C’est pourquoi le Medef s’est doté l’année dernière d’une raison d’être : « agir ensemble pour une croissance responsable », plaçant ainsi, aux côtés des piliers économique et social, le développement durable comme le troisième pilier de son action. Nous affichons cette ambition parce que nous pensons que l’entreprise a un rôle majeur à jouer dans les transformations de la société. Elle peut apporter des solutions innovantes et responsables au plus près des réalités sociales, économiques et environnementales.
RM : Quels seront les grands enjeux pour les entreprises françaises dans les années à venir ?
G. Roux de Bézieux : Cette crise a mis en lumière de lourds handicaps structurels que nous connaissions bien, et contre lesquels nous nous battions déjà avant la crise : le poids des impôts et des charges, en particulier les impôts de production qui découragent l’implantation des entreprises en France et qui est source des pertes de souveraineté dans des filières clés ; le poids de la centralisation dans les décisions publiques ; mais aussi l’interdépendance croissante des économies et les effets dominos entre elles.
RM : Vous avez une carrière d'entrepreneur depuis près de 25 ans ; quelle est votre définition d'un bon entrepreneur ?
G. Roux de Bézieux : Un entrepreneur, c’est quelqu’un qui ne prend pas « non » comme réponse, c’est celui qui ne baisse pas les bras face à l’adversité. Dans quasiment tous les projets, on rencontre des situations et même des personnes qui nous encouragent à abandonner. Eh bien, l’entrepreneur c’est celui qui passe outre, qui trace son chemin, enjambe les embûches, avec en ligne de mire son projet.
RM : Vous êtes passé par les commandos marine à votre sortie de l'ESSEC – et par le rugby ! Qu’est-ce que cela vous a enseigné pour votre carrière ?
G. Roux de Bézieux : Le rugby c’est avant tout la camaraderie, des amitiés qui durent. Les commandos marine c’est autre chose. Ça vous apprend à vous dépasser, physiquement bien sûr, mais surtout mentalement. Ça a aussi été l’occasion de rencontrer une diversité de profils, des gens issus de toutes les origines sociales, souvent différentes, mais avec qui on a partagé des expériences exceptionnelles. Les gens que j’admire le plus, ce n’est pas dans l’entreprise que je les ai croisés, c’est dans les forces spéciales.
RM : Vous êtes très attaché aux questions de parité au sein de l'entreprise ; considérez-vous qu'il y a encore des efforts à faire en ce sens ?
G. Roux de Bézieux : Les femmes sont encore sous-représentées au sein des instances de direction et l’inégalité professionnelle entre les hommes et les femmes, si elle tend à se réduire, demeure. Ainsi, en complément de l’accompagnement des entreprises dans la mise en œuvre de l’index égalité salariale, le Medef s’engage en faveur de la mixité au sein des instances dirigeantes et ainsi à inciter les entreprises de plus de 250 salariés à réaliser un état des lieux de la mixité au sein de leurs effectifs, et particulièrement de leurs managements et instances de direction, à déterminer d’ici trois ans des objectifs en matière de mixité en fonction, notamment, de la composition actuelle de leur comex/codir, du vivier de talents disponibles et du rythme de « turnover ».
RM : Avez-vous toujours le temps de vous consacrer à votre holding d'investissement Notus Technologies ?
G. Roux de Bézieux : Vous vous en doutez, être président du Medef, c’est un engagement assez prenant, pour ne pas dire extrêmement prenant. Heureusement, je peux compter sur une équipe de directeurs qui assurent la continuité opérationnelle des filiales de Notus et avec qui j’échange une demi-journée par semaine.
RM : En 2005, vous avez créé avec votre épouse Sabine Roux de Bézieux (E86) la Fondation Araok. Dans quel but ?
G. Roux de Bézieux : En 2005, je venais de vendre ma première entreprise, The Phone House, ce qui m’avait permis de faire une importante plus-value. Avec une partie de cette plus-value, j’ai choisi de créer cette fondation. J’avais cette envie et ce besoin de m’investir dans un projet avec du sens, tourné vers l’Homme. La création d’Araok traduit cette volonté, une fondation qui n’a pas un projet en particulier, si ce n’est avoir l’humain comme dénominateur commun de tous les projets qu’elle soutient. Depuis 2005, Araok a soutenu plus de 50 projets, aussi bien en faveur de l’égalité des chances que de l’éducation ou la préservation de la nature, et ce pour un montant total de près de 1,5 million d’euros.
RM : Vous êtes attaché aux valeurs de solidarité ; que pensez-vous de l’action de la Fondation AMIPI-Bernard Vendre, dirigée par Jean-Marc Richard (E82), et de ses usines de production apprenantes et inclusives (UPAI) ?
G. Roux de Bézieux : AMIPI est un projet tout simplement formidable et j’ai d’ailleurs eu la chance de visiter une de leurs usines du côté de Cholet grâce à Jean-Marc Richard. Cette initiative, c’est un exemple saisissant du fait que le travail est un incroyable moyen d’intégration et d’épanouissement, et je suis très admiratif du travail qu’ils font. (Retrouvez aussi l’interview de Jean-Marc Richard par ESSEC Alumni en cliquant ici.)
RM : Êtes-vous optimiste pour l'avenir, malgré cette pandémie qui ne semble pas être maîtrisée par beaucoup de pays ?
G. Roux de Bézieux : Pour être optimiste aujourd’hui, il en faut du courage, mais on n’est pas entrepreneur si on n’est pas optimiste ! Cette crise, si elle nous frappe tous de plein fouet, a tout de même révélé l’extraordinaire réactivité des entrepreneurs de France. Les entrepreneurs ne sont pas restés les bras croisés à attendre que ça passe ! Cinq millions de salariés ont été mis en télétravail, parfois dans la difficulté certes, mais au final avec efficacité. Un certain nombre d’entreprises ont même repensé leur activité pour participer à l’effort général : production de gel, de masques, de blouses et de visières, de respirateurs. Et surtout, elles se sont adaptées aux contraintes sanitaires pour reprendre leur activité dans les meilleures conditions possibles. D’ailleurs, l’image des entreprises sort renforcée de cette crise : dans une étude BVA menée en juin, 90 % des Français affirmaient avoir confiance dans les PME, et la confiance dans les grandes entreprises a, elle, gagné 13 points en un an.
RM : Pour conclure, quelques questions sur l’ESSEC et vous. Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l'ESSEC ?
G. Roux de Bézieux : Avant tout des bons souvenirs, des copains, à l’image du président délégué du Medef, Patrick Martin (E83), que j’ai justement rencontré à l’ESSEC et avec qui je jouais au rugby. L’ESSEC, c’est aussi la découverte du monde de l’entreprise et de l’entreprenariat, le cursus que j’ai suivi portait d’ailleurs sur la création d’entreprise. L’ESSEC, ce sont aussi des professeurs chaleureux et un homme qui m’a particulièrement marqué, le Père Michel Calamy, un Oratorien qui était alors directeur des études. Enfin, je finirais par une rencontre, la plus importante de toutes, celle de ma femme Sabine, que j’ai rencontrée sur les bancs de l’ESSEC. Et pour l’anecdote, c’est Michel Calamy, que certains appelaient avec une pointe d’impertinence le « père Michel », qui nous a mariés. Difficile de faire plus ESSEC !
RM : Quels liens conservez-vous ou voudriez-vous avoir avec l’école ?
G. Roux de Bézieux : Je fais partie de ceux qui sont convaincus que les liens avec l’école ne s’arrêtent pas le jour de la remise des diplômes. Bien évidemment, en tant que président du Medef, mon temps libre est mince, mais je suis toujours prêt à consacrer mon énergie à l’école. Je participe notamment aux dîners organisés entre anciens de promo et je suis également grand donateur de la Fondation ESSEC. J’ai aussi rencontré à de nombreuses reprises Jean-Michel Blanquer du temps où il était directeur, et plus récemment le nouveau directeur, Vincenzo Vinzi qui, je le sais, fait un travail remarquable.
RM : Comment voyez-vous les évolutions annoncées de l’école à travers sa nouvelle plateforme stratégique ?
G. Roux de Bézieux : Je vous parlais de travail remarquable réalisé par votre nouveau directeur ; eh bien, je pense que cette nouvelle plateforme stratégique en est un bel exemple. L’ESSEC a fait le pari de s’inscrire dans les valeurs du XXIe siècle, sans pour autant mettre de côté sa singularité, son « je ne sais quoi », comme diraient les Anglais. Cette plateforme, c’est finalement la remise au goût du jour des valeurs ancestrales de l’ESSEC, comme l’humanisme défendu par la Catho dont l’ESSEC est la digne descendante.
RM : Comment voyez-vous les évolutions de l’Association ESSEC Alumni, en termes de missions et d’actions, particulièrement dans le contexte actuel ?
G. Roux de Bézieux : ESSEC Alumni a d’abord la chance d’avoir un formidable président, Olivier Cantet (E87), que j’ai aussi connu dans l’équipe de rugby de l’ESSEC, comme quoi le rugby, ça crée des liens forts. L’association aura un rôle tout particulier à jouer à l’heure où une crise économique particulièrement difficile se dessine pour les deux années qui viennent, deux années durant lesquelles la solidarité entre les ESSEC, anciens comme nouveaux, va devoir fonctionner à plein.
Propos recueillis par François de Guillebon, rédacteur en chef de Reflets ESSEC Magazine, et Philippe Desmoulins (E78), directeur d’ESSEC Publications
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Images : © R. Meigneux
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