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Sami Biasoni (E08) : « Nous voulons devenir le média de référence face à Brut »

Interviews

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07.20.2021

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Sami Biasoni (E08) fait partie des co-fondateurs de neo, nouveau média 100 % vidéo et Internet qui ambitionne de s’imposer face aux mastodontes du secteur avec son traitement optimiste et apolitique des actualités françaises. Rencontre.  

ESSEC Alumni : Comment avez-vous été amené à lancer neo ?

Sami Biasoni : Passionné par les médias et les nouvelles technologies, j’ai assisté avec beaucoup d’intérêt à la naissance des acteurs 100 % vidéo et réseaux sociaux en France (Brut., Konbini, Loopsider, etc.) et j’ai très tôt été convaincu de la possibilité, voire de la nécessité, de faire entendre une voix différente, moins militante, plus soucieuse du commun et surtout positive. D’autres ont fait le même constat : les producteurs et hommes de médias Bernard de La Villardière et Stéphane Simon, les experts en brand content et communication digitale Anne-Henri de Gestas et Louis Perrin. Nous nous sommes associés en 2020 pour lancer neo.

EA : Aujourd’hui, où en est le développement de neo ?

S. Biasoni : Neo a été lancé sur les réseaux sociaux fin 2020 après une levée de fonds d’amorçage à hauteur de 1,6 M € auprès d’investisseurs privés, tous fervents soutiens de notre ligne apolitique, qui valorise la proximité, la richesse des territoires français et promeut ce qui nous rassemble. La dynamique a tout de suite été très bonne, dépassant même nos projections initiales : en 6 mois nous avons réalisé près de 750 sujets et nous approchons les 200 millions de vues cumulées pour bientôt 200 000 abonnés ! Cela nous place déjà au niveau de nos concurrents historiques, pourtant bien plus anciens que nous. De nombreux partenaires nous ont en outre fait confiance (Volkswagen, M6, leboncoin, Canal+, etc.) afin que nous produisions des contenus ensemble, signe de notre maturité et de la pertinence de notre positionnement.

EA : Vous venez également de lancer la plateforme www.neo.tv…

S. Biasoni : Cette plateforme rassemble tous nos contenus et va nous permettra de déployer plus encore notre stratégie d’innovation : plusieurs annonces à venir sur ce plan d’ici la fin d’année !

EA : Quels types de sujets traitez-vous sur neo ? 

S. Biasoni : Neo a vocation à traiter de tout ce qui fait la richesse de notre pays, avec un regard bienveillant, positif mais exigeant d’un point de vue journalistique. Les belles histoires, les portraits de français authentiques et engagés ont le plus de succès : Marie-Lou la tenancière centenaire et gouailleuse du Nord, la visite de la plus belle cave à vin privée du monde totalisent chacune plus de 5 millions de vues. Certains sujets sont plus engagés : nous avons ainsi soutenu et mis en lumière le parcours difficile de Saliha, mère isolée et SDF parisienne, ou relayé le récit de survivants de la Shoah.

EA : Bernard de La Villardière a affirmé au Figaro que neo était un « média positif ». Comment fait-on pour trouver des sujets positifs à traiter dans un monde médiatique et une culture fortement tournés vers les mauvaises nouvelles ?

S. Biasoni : Lorsque nous avons fondé neo, certains pensaient que l’on ne pouvait générer de l’engagement et de l’audience qu’en alimentant la polémique et la conflictualité. Nous étions persuadés du contraire : à la communauté nous opposons le commun, à la conflictualité nous préférons la compréhension et le respect mutuel. La fierté de faire nation dans le respect des individus, de leurs cultures et de leurs convictions est un ressort fort d’adhésion. Notre communauté nous le prouve chaque jour un peu plus.  

EA : Bernard de La Villardière vient du monde de la TV. Qu’apporte cette expérience au développement et à l’identité de neo ? 

S. Biasoni : Bernard et Stéphane viennent de cet univers, en effet. Leurs expertises, leur recul, leur sens du sujet sont des atouts maîtres dans l’aventure neo. Nous avons gagné de précieux mois dans l’élaboration de notre ligne éditoriale, ainsi que dans le façonnement de nos processus de production grâce à nos savoir-faire conjugués.

EA : Quelles convergences et différences entre le monde de la TV et celui des médias vidéos sur Internet ?

S. Biasoni : Ce que le web apporte aux formes audiovisuelles traditionnelles, c’est en premier lieu un rapport au temps différent : nous maîtrisons et analysons nos data en temps réel avec une granularité inouïe, notamment en termes d’audience. Cela nécessite que l’on soit très réactifs, en capacité à expérimenter en permanence. Internet est un terrain de jeu fascinant. Par ailleurs, la grammaire vidéo – bien qu’elle s’établisse sur des bases similaires à celles de la télévision – présente ses spécificités : il y a désormais une manière de produire, de filmer, d’interviewer « à la neo ».

EA : Quelles sont les perspectives de développement du marché des médias vidéo ? 

S. Biasoni : Chaque année, on constate des transferts de budgets depuis les médias traditionnels (radio, télévision) vers le digital, et au sein de l’univers du digital, la vidéo est l’un des segments en plus forte croissance : 25 milliards de vidéos sont visionnées chaque jour sur les réseaux sociaux, la vidéo consommant 80 % de la bande-passante Internet. Le public s’informe, crée du lien différemment aujourd’hui. La vidéo est un vecteur d’engagement extrêmement fort, et tous les indicateurs tendent à prouver que cette tendance n’est pas près de s’arrêter. À titre d’illustration, entre un contenu texte illustré par des images et une vidéo, l’engagement moyen incrémental est de près de 1200 %… C’est dire la puissance de ce marché.

EA : Quelles sont vos ambitions pour neo ? 

S. Biasoni : À court terme, il s’agit pour nous de continuer à croître, à produire des contenus toujours plus vus, partagés et commentés par notre communauté. Nous préparons quelques annonces importantes en termes de partenariats et d’innovation, à la fois sur les plans éditoriaux et technologiques. Nous avons coutume de dire que neo est à la fois un média start-up et une start-up média : nous allons le prouver. À plus long terme, nous ambitionnons de devenir un média de référence, au même titre que Brut. en France ou que NowThis aux États-Unis.

  

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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