2 étudiants ESSEC s'engagent pour les mobilités douces
L’un relie Paris et Athènes à pied, l’autre Paris et Le Cap en vélo solaire. Des défis sportifs qui ont aussi une visée environnementale et solidaire, expliquent Edgar Savigny (E25) et Raphaël Romand-Ferroni (E24).
ESSEC Alumni : Pouvez-vous présenter votre projet ?
Edgar Savigny : Je m’apprête à relier Paris et Athènes à pied, en commençant par le Marathon de Paris le 13 avril, puis en suivant des chemins de grande randonnée à travers la France, la Suisse, l’Italie et la Grèce via les Alpes, et en terminant par le tracé du marathon « originel », de Marathon à Athènes. Soit 35 kilomètres par jour ! Avec deux objectifs : d’une part, montrer que l'héritage de Paris 2024 perdure en liant la première ville olympique de l'ère moderne et la dernière en date ; d’autre part, promouvoir la marche à pied.
Raphaël Romand-Ferroni : Depuis le 25 janvier, je me suis lancé dans un trajet de 18 000 kilomètres en vélo solaire, pour relier Paris au Cap, en longeant la côte Atlantique. Pourquoi l’Afrique ? Parce qu’avec un potentiel solaire journalier de 4 000 à 6 400 Wh, je suis certain d’obtenir assez d’énergie pour alimenter ma batterie et mon moteur d’assistance. Il s’agit ainsi de montrer, au-delà de la performance technologique et sportive, que le photovoltaïque peut révolutionner la mobilité sur le continent.
EA : Quel impact environnemental visez-vous avec votre projet ?
E. Savigny : D’abord, en choisissant la marche à pied, j’évite un vol Paris-Athènes, soit l’émission de 200 kg de CO2. Ensuite, en frappant les esprits avec ce défi, j’espère faire des émules. Certes, tout le monde n’a pas la possibilité d’effectuer un tel périple, mais la marche n’en reste pas moins accessible au plus grand nombre. Je veux prouver par l’exemple que pour une bonne part de nos trajets, on peut décider de marcher 20 minutes plutôt que de prendre sa voiture. Je m’y applique déjà moi-même au quotidien.
R. Romand-Ferroni : Je vais pour ma part éviter 1 877 kg d’émissions de CO2. Et produire 720 kWh d’énergie grâce à mon vélo solaire – lui-même produit en circuit (très) court, puisque je l’ai conçu moi-même, après de nombreux échanges avec des fabricants français pionniers du secteur, et grâce à ma double casquette d’ingénieur centralien. Concrètement, le fonctionnement s’apparente à celui d’un modèle électrique classique : le vélo est équipé d’un moteur dans la roue arrière, alimenté par deux batteries via un contrôleur de puissance. La particularité réside dans l’installation de deux panneaux solaires sur une remorque, qui rechargent les batteries lorsque la météo le permet. Si la journée est ensoleillée, on peut être totalement autonome en énergie.
EA : Comment se prépare-t-on pour un tel projet ?
E. Savigny : Au-delà des aspects logistiques, très chronophages, il faut trouver des financements – je saisis l’occasion pour remercier mon principal partenaire entreprise, Stanwell Consulting – et se préparer sur le plan physique. De base, je fais beaucoup de sport : ancien joueur de tennis, je cours désormais régulièrement des semi-marathons et des marathons, et j’ai parcouru le GR20 il y a un an et demi. Il n’empêche que je suis un programme d’entraînement spécifique, avec notamment des randonnées de plusieurs jours, sac sur le dos, afin de m’habituer à l’effort de longue distance.
R. Romand-Ferroni : Je me suis énormément documenté auprès d’aventuriers qui ont accompli des exploits similaires à vélo, comme Virgile Charlot, Tim Dubois et Timothée Gacquière. Côté physique, je pratique intensément le rugby et la course à pied, donc pédaler 100 km par jour n’a rien d’insurmontable pour moi. Reste la question de la durée et des conditions climatiques. Le froid des montagnes espagnoles et françaises constitue déjà une épreuve, je m’attends donc au pire avec la chaleur du Sahara et de la Namibie, et l’humidité des forêts tropicales d’Afrique de l’Ouest. Sur ce plan, il s’agit surtout de préparation mentale. Sans oubli les avaries mécaniques et techniques. Avant de partir, j’ai dû apprendre à réparer et réajuster mon équipement, même en pleine nature… Et dès le premier jour, j’ai effectivement subi une casse. Mais j’ai surmonté l’obstacle.
EA : Vous soutenez également une cause solidaire à travers votre projet…
E. Savigny : Je profite de la communication autour de mon initiative pour donner de la visibilité à l’association Kabubu qui œuvre pour l’inclusion sociale et professionnelle des personnes exilées et des réfugiés grâce à des activités sportives, à des ateliers de sensibilisation aux problématiques de la migration, et à des programmes sur-mesure de formation, d’aide à l’intégration et d’accompagnement vers l’emploi. J’ai aussi mis en place une cagnotte pour les soutenir : n’hésitez pas à faire un don.
R. Romand-Ferroni : Dans le même esprit, j’ai créé ma propre association loi 1901, L’Échappée Solaire, pour faciliter l’accès à l’éducation et encourager l’utilisation des énergies renouvelables en Afrique. Le lien entre les deux sujets ? La moitié de la population africaine, dont 40 % a moins de 16 ans, n’a pas accès à l’électricité. Autrement dit : environ 260 millions d’enfants manquent de la lumière nécessaire à la lecture, à l’écriture ou à l’étude une fois la nuit venue. D’où mon idée : à la faveur de mon trajet, distribuer des sacs à dos solaires dans des établissements scolaires des régions rurales de la Bagoué et du Worodougou, au nord de la Côte d’Ivoire, où le besoin est particulièrement pressant. Je travaille en partenariat avec l’entreprise ivoirienne Ecoplast Innov, qui fabrique des sacs à dos à partir de plastiques recyclés, l’association étudiante Green Student de l’université Félix Houphouët-Boigny, et l’entreprise franco-africaine Lagazel, qui conçoit des lampes solaires rechargeables grâce à un mini panneau intégré. Les sacs sont financés grâce à une cagnotte HelloAsso : il est encore temps pour contribuer. Vous pouvez également acheter le t-shirt de l’aventure, dont l’ensemble des bénéfices sera reversé à la cagnotte.
EA : Comment ESSEC Alumni vous a aidé dans votre projet ?
E. Savigny : ESSEC Alumni a appuyé ma recherche de partenaires en me donnant de la visibilité et en procédant à des mises en relation. J’ai notamment pu échanger avec le Chapter Suisse, le Chapter Italie et le Chapter Grèce, dans l’idée d’organiser un événement dans chaque pays traversé, à un endroit symbolique, avec les diplômés et étudiants sur place. À ce propos, je me réjouis toujours de discuter de mon projet avec des camarades : n’hésitez pas à me contacter sur mon e-mail @essec.edu ou à réagir à mes posts sur mon compte Instagram.
R. Romand-Ferroni : De même, vous pouvez suivre mon aventure sur Instagram, où je publie quotidiennement des stories et des vidéos, ainsi que sur Polarsteps, où je fais le point jour après jour sur mes étapes et mon état. Sans oublier mon site Internet.
Découvrir aussi les aventures d’autres étudiants sportifs et solidaire sur le site de l’ESSEC
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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