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Ces ESSEC qui prennent la mer

Interviews

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09/11/2022

Le saviez-vous ? Les ESSEC sont étonnamment nombreux à faire de la navigation à haut niveau. 9 d’entre eux nous racontent le parcours qui les a menés au large – et les histoires fascinantes qu’ils ramènent de leurs périples.  

Élodie Sevestre (EXEC M06), plongée dans les Jeux Olympiques d’Athènes

Élodie Sevestre (EXEC M06) commence la voile à 5 ans. « Dix ans plus tard, je débutais comme ‘sac de sable’ sur un Jod 35. À partir de là, toutes les occasions étaient bonnes pour naviguer, en funboard à La Baule, en quillard de sport à Pornichet, aux Glénans pendant les vacances scolaires… » 

Jusqu’au jour où elle rencontre Yves Loday, médaillé d’or en tornado aux Jeux Olympiques de Barcelone. « Il m’a offert l’opportunité de faire équipe avec lui sur plusieurs régates en catamaran de sport, puis m’a présenté à des barreuses qui cherchaient une coéquipière pour les Jeux Olympiques d’Athènes. » 

C’est ainsi qu’elle se lance dans trois années de préparation aux côtés d’Anne Le Helley et d’Élodie Bertrand. « L’expérience la plus enrichissante de toute ma vie ! Peu médiatique, la voile olympique manque cruellement de financements. La Fédération Française de Voile V participait seulement aux frais de déplacements et mettait un entraîneur à notre disposition. Pour le reste – notamment le transport de notre quillard de 600 kg à travers l’Europe – nous avons dû nous débrouiller. » Une aventure autant sportive que managériale. « Il importe de s’entendre sur des objectifs communs comme la destination ou le résultat à atteindre, de reconnaître un chef à bord qui seul aura l’autorité de trancher en cas de décision difficile à prendre, de répartir les rôles en mer comme à terre en fonction des qualités et compétences de chacun, et de veiller à la bonne circulation des informations entre les parties prenantes pour que la machine vogue bien. La majorité de nos concurrentes ont échoué à cause des problèmes de communication. Pour notre part, nous avons veillé à gérer notre barque comme une petite entreprise. »

Des efforts qui ont payé. « Nous avons avons terminé 5èmes des JO en 2004. » Cependant Élodie Lesaffre n’a pas souhaité prolonger l’aventure. « Il fallait s’entraîner sur un Yngling, bateau que je ne trouvais pas agréable à manœuvrer. Et je nourrissais d’autres ambitions professionnelles. »

Elle ne continue pas moins de prendre le large en famille. « Mon souvenir le plus marquant : lors d’un voyage de 5 mois entre le sud de la France et les îles du Cap Vert, notre drisse de génois a cassé. Pendant que mon mari et moi nous débattions pour remonter cette voile gorgée d’eau – qui à sec pèse plus de 80 kg – ma fille de 9 ans a enfilé son gilet de sauvetage, pris la barre et gardé le cap face au vent. La navigation nous surprend toujours ! »

David Sineau (E96), à la barre d’Initiatives-Cœur

Si David Sineau (E96) a grandi loin des côtes, il n’en a pas moins frayé avec la mer dès son plus jeune âge. « Je passais tous mes étés aux Sables d’Olonne, en 470 ou en planche à voile. Puis à partir de l’ESSEC, je me suis mis plus sérieusement à la régate, avec les entraînements d’hiver, le Spi Ouest France, les courses étudiantes, et les croisières entre amis dans les îles de la côte Atlantique, en Méditerranée ou vers l’Irlande… »

Dès qu’il gagne sa vie, il investit dans un bateau ; et bientôt, il décide de s’installer à Saint-Malo et de préparer la Mini Transat. « Je le voyais comme l’aventure d’une vie, considérant avec beaucoup d’humilité mes concurrents, nés le plus souvent au bord de la mer. Mais j’ai fini sur le podium dès ma première tentative, après avoir mené une très grande partie de la course. » 

Il réitère l’expérience en 2007 et se hisse cette fois à la seconde place en catégorie prototype. « Lors de cette édition, j’ai aussi rencontré de nombreux grands et futurs grands marins : Adrien Hardy, Sam Manuard, Thomas Ruyant, Isabelle Joschke, Alex Pella… » 

Il noue ainsi des contacts précieux dans le monde de la course au large, qui le mèneront entre autres à participer à la Solitaire du Figaro en 2011 et 2012 et à la Transat Jacques Vabre 2021 avec le double champion du monde de ski freeride Aurélien Ducroz – mais aussi à développer avec Tanguy de Lamotte le projet Initiatives-Cœur. « Le principe : nous affrétons un voilier dans les grandes courses au large (Vendée Globe, Route du Rhum…) avec Samantha Davies à la barre pour collecter des fonds au profit de l’association humanitaire Mécénat Chirurgie Cardiaque, qui permet à des enfants atteints de malformations cardiaques et venant de pays défavorisés de se faire opérer en France. » 

Patrick Losq (E88), de la planche à voile au bateau à voile

Patrick Losq (E88) est un enfant de la mer. « J’ai vécu dans plusieurs ports bretons au gré des différents postes de mon père marin. » 

Il se prend d’abord de passion pour la planche à voile et les shapers français qui créent des modèles à la pointe de la technologie. « Notre pays compte parmi les plus pratiquants et les plus innovants dans cette discipline. » 

Puis à partir de 2000, il se consacre à la navigation proprement dite. « Après avoir débuté en Classe 8, j’ai acquis mon premier voilier en vue d’une Mini Transat. » De nombreux autres suivront. « Avec le cinquième, un Class40 capable de tour du monde, j’ai préparé pendant 3 ans la grande aventure mythique de la Route du Rhum. Mais 6 mois avant le départ, une rafale de 63 nœuds a emporté mon fier destrier posé sur le quai du Havre et l’a éventré sur 6 mètres… J’ai dû me résoudre à l’emmener en Bretagne pour lui offrir une seconde vie, plus sage, de croisière rapide. »

Cependant le large continue de le hanter. « Je recherche un bateau pour reprendre les courses. » L’espace marin lui réserve des sensations et des expériences qu’il ne retrouve nulle part ailleurs. « Aux aurores un matin de janvier, vers la côte Atlantique, seul mais accompagné par les dauphins, j’ai croisé un paquebot qui faisait route vers l’Angleterre. Dans le creux de la houle, ses 5 étages disparaissaient pour réapparaître sur la crête suivante… Il m’a fallu cette vision pour prendre la mesure de la houle qui berçait mon voyage ! »

Cédric Baecher (E00), à travers l’Atlantique en équipe

Ancien d’ESSEC Voile, Cédric Baecher (E00) rêvait d’effectuer une transatlantique depuis 30 ans. « En 2020, je me suis enfin jeté à l’eau et j’ai monté un équipage amateur pour courir l’Atlantic Rallye for Cruisers, qui réunit chaque année plusieurs centaines de bateaux et 1 200 participants. » Le projet manque de capoter à plusieurs reprises. « D’abord, la pandémie de COVID-19 a failli tout remettre en cause. Puis à 3 semaines du départ, notre catamaran a été accidenté dans le Golfe de Gascogne. Heureusement, nous avons su trouver une solution de repli. » Emmenés par le skipper professionnel Nicolas Boidevezi, ils partent à six – dont Grégory Louard (E00) – pour une épopée de 3 000 milles nautiques et 18 jours de navigation entre Las Palmas et Sainte-Lucie. « Et contre toute attente, nous avons remporté la compétition dans notre catégorie. » 

L’expérience a été riche en enseignements. « J’ai avant tout reçu une magistrale leçon d’humilité, d’endurance et de résilience face aux éléments, dans une nature brute, extraordinaire et parfois effrayante. Mais au fil de l’aventure, depuis la préparation jusqu’à la traversée, j’ai aussi fait de nombreuses passerelles avec le management et la gestion de projets complexes : motivation et engagement autour d’un socle de valeurs partagées, planification détaillée, collaboration dans l’adversité, définition et maintien d’un leadership réussi, décision en contexte d’incertitude… » Avec une fierté particulière sur ce plan : « Avoir réussi le pari d’un groupe mixte, hybride en termes d’âges (de 40 à 70 ans) et de compétences préalables (du débutant au confirmé). » 

Pauline Darde (E13), en année sabbatique dans l’Atlantique

Pauline Darde (E13) et son compagnon ont le pied marin. « Nous avons décidé de partir à deux pour une année sabbatique à la voile après plusieurs années d’expérience en tant que moniteurs aux Glénans. Cependant nous n’avions jamais navigué au large, de nuit, avec un système de quarts en équipage réduit ! » 

Au départ, le couple ambitionnait de faire un tour du monde. « C’était sans compter les distances et le souhait de prendre le temps de voyager. Au final, nous avons traversé l’Atlantique Nord avec un First 38S5. Nous avons levé l’ancre de Dunkerque, direction le sud de l’Angleterre et les Scilly, longé la Bretagne, découvert la Galice et le Portugal par la côte, puis les îles – la sublime Madère, les incroyables Canaries, le dépaysant Cap-Vert… Enfin, après 3 mois aux Caraïbes (Grenadines, Martinique, Guadeloupe), nous sommes revenus en France en passant par les Açores. » 

Ils gardent de ce périple des souvenirs innombrables et intenses. « Nous avons connu une panne électrique en plein milieu de l’Atlantique, subi un régime de grains persistants nous faisant passer de 5 à 40 nœuds toutes les demi-heures, géré un co-équipier sur la transat retour qui, pris de panique, nous a demandé de faire demi-tour à 8 jours de la Guadeloupe, élaborant les pires scénarios de naufrage ou pénurie d’avitaillement… Mais nous avons aussi filé toute une nuit dans un parfait équilibre sous une pluie d’étoiles filantes et avec une escorte de dauphins, pêché une daurade coryphène d’1 mètre 20, ou encore croisé la route d’un immense rorqual commun dans les Canaries, qui a émergé à 2 mètres seulement de nous en signalant sa présence par un souffle tonitruant ! » 

Une expérience unique, qui de fait a marqué un tournant dans la vie de Pauline Darde. « L’immersion en pleine nature et l’apprivoisement de la lenteur propre à un voyage en voilier m’ont puissamment connectée à la beauté et la fragilité de notre planète. Constater le blanchiment des coraux, la pollution plastique en pleine mer et sur les côtes, les déséquilibres des écosystèmes a constitué un accélérateur pour me former puis me lancer à mon compte dans l’accompagnement de la transition écologique des entreprises et territoires ainsi que leur conversion à l’économie circulaire. » 

Arthur Peugeot (E19), Alice Lasseigne (E18), Victoire Martinet (E17) et Alexandra Lucas (M21), à l’abordage de la Mini Transat 2023

C’est un pur hasard, mais qui illustre le fort ancrage des ESSEC dans le milieu maritime : pas moins de 4 alumni préparent actuellement l’édition 2023 de la Mini Transat. Arthur Peugeot (E19) explique : « Cette compétition consiste à franchir l’Atlantique en solitaire sur de petits voiliers de 6,50 mètres. La traversée en elle-même n’a rien de mini : il s’agit de relier les Sables-d’Olonne à la Guadeloupe, en passant par les îles Canaries, en un mois seulement. Autre spécificité : les concurrents s’élancent sans moyen de communication avec l’extérieur et sans cartographie digitale. Beaucoup de marins considèrent cette course comme l’une des plus difficiles qui soient. »

Il n’est pourtant pas un skipper professionnel. « Avant ce projet, j’avais seulement fait des stages de voile légère, emmené mes proches en croisière, participé à 2 ou 3 régates à la journée et en équipage… » Pour atteindre les critères de qualification de la Mini Transat, il a dû passer à la vitesse supérieure. « Sur l’année écoulée, j’ai effectué 6 régates en double et en solitaire sur mon bateau, et j’ai bouclé un aller-retour en solitaire vers l’Irlande en 9 jours. » Au prix parfois de sueurs… froides. « Après 3 jours de course au sud de la Bretagne dans une mer déchaînée, je suis passé sous le pont de l’île de Ré vers 2 heures du matin. Malgré le vent, mon bateau s’est subitement immobilisé sans raison apparente. J’ai mis du temps à comprendre qu’une immense nasse d’algues s’était enroulée autour de la quille. Deux options s’offraient à moi : continuer à une vitesse quasi nulle (et finir disqualifié) ou plonger pour arracher les algues (et affronter mes pires peurs). J’ai fini par me jeter à l’eau en caleçon et baskets, lampe frontale sur la tête, couteau à la main, harnais autour des hanches. Il m’a fallu 4 ou 5 aller-retours pour libérer le bateau… Je me souviendrai longtemps de ma danse de la victoire, complètement nu pour essayer de sécher face au soleil levant ! »

Une épreuve qui augure des obstacles auxquels il sera confronté pendant la Mini Transat. « Comment monter en haut de mon mât tout seul ? Comment interpréter les fichiers météos reçus une fois par jour à la radio ? Comment réparer la coque ou l’électronique embarquée en cas d’avarie ? » Sans oublier la combinaison délétère du manque de sommeil et de la solitude. « Une fois en mer, on peut seulement dormir par siestes de 20 minutes, quand l’occasion se présente, de jour ou de nuit, avec l’aide d’un pilote automatique afin d’éviter les collisions et autres mauvaises surprises. Peu à peu, la fatigue plombe le moral et toutes les émotions s’en trouvent décuplées. Or elles s’avèrent d’autant plus difficiles à gérer qu’on n’a personne avec qui partager ou évacuer. On atteint une forme de claustrophobie affective, épuisé dans sa coquille de noix. » 

Mais pourquoi s’exposer à de tels risques ? « Rêve d’aventure, dépassement sportif, esprit de compétition, goût du travail manuel… Les motivations sont nombreuses. » De fait, il faut être motivé pour se lancer dans un projet de cet ordre. « En réalité, la navigation représente une part relativement faible de l’ensemble : il faut aussi consacrer du temps à l’apprentissage technique, à la préparation physique et mentale, aux démarches administratives, à la recherche de partenaires financiers… D’ailleurs, si vous souhaitez associer les couleurs de votre entreprise à une aventure humaine et entrepreneuriale exceptionnelle, et fédérer votre équipe ou engager vos clients autour de valeurs fortes, n’hésitez pas à me contacter ! »

 Alice Lasseigne (E18) prépare elle aussi l’édition 2023 de la Mini Transat. Et reconnaît : « Le défi est énorme, d’autant que j’ai commencé à naviguer relativement tard, pendant mes études. Vice-présidente du Club Voile de Centrale, je régatais avec des camarades de promotion aux quatre coins de la France : Le Havre, la Trinité sur Mer, Pornichet, Marseille… » La course au large constitue un véritable changement d’horizon. « J’ai récemment vécu mon premier orage en mer et en solitaire, à la tombée de la nuit. Les nuages ont foncé, le vent a monté, et je me suis rendue compte que je ne connaissais pas les bons réflexes à avoir. Fallait-il jeter l’ancre ? Débrancher les équipements électroniques ? Je craignais que le mât attire la foudre. Et de fait, autour de moi, les concurrents disparaissaient des radars les uns après les autres, coupant probablement leurs batteries. Finalement, j’ai préféré réduire les voiles et ne rien couper, pour pouvoir communiquer par radio VHF et rester visible. Après quelques heures, je m’en suis sortie indemne. Et une fois rentrée à terre, j’ai appris que non, la foudre n’est pas particulièrement attirée par les mâts ! »
Si elle doit encore parfaire son apprentissage de skipper, elle peut compter sur ses compétences managériales. « La Mini Transat constitue une véritable aventure entrepreneuriale : pilotage de planning et de budget, gestion des risques, comptabilité, communication, relation partenaires et levée de fonds… Je suis d’ailleurs toujours à la recherche de sponsors. À bon entendeur ! » 

Pour Victoire Martinet (E17), la Mini Transat marque une nouvelle étape dans une longue histoire d’amour avec la mer. « Les sports nautiques m’animent depuis mon enfance, passée près des côtes. Après des années de planche à voile, j’ai découvert la voile habitable, en régate et en croisière, pendant mes études. J’ai d’ailleurs été vice-présidente d’ESSEC Voile, et j’ai fièrement porté des bottes jaunes à la Course Croisière EDHEC au sein de l’équipage 100 % féminin du club. » 

Depuis un an, elle s’entraîne régulièrement sur le bateau dont elle a fait l’acquisition, en régate ou hors course, en solitaire ou en double, de jour comme de nuit. « J’ai notamment eu la chance de participer à une course incroyable, un aller-retour entre la France et l’archipel des Açores au large du Portugal. Quelle fierté d’être allée au bout, pour moi qui ne m’en savais pas capable en prenant le départ ! Je garde un souvenir particulièrement ému de l’arrivée à Horta, après 11 jours seule en mer, accueillie par des baleines au milieu d’un paysage volcanique. »

Aucun écueil ne semble ainsi pouvoir entraver sa progression jusqu’à la Mini Transat elle-même. « Météorologie, électronique, matelotage… C’est un apprentissage permanent. Sans compter la recherche de fonds : le budget de fonctionnement s’élève à environ 100 000 € sur 3 ans, d’où la nécessité de s’entourer de sponsors. Il reste d’ailleurs de la place à bord ! »

D’origine parisienne, Alexandra Lucas (M21) ne découvre la voile que tardivement, à l’âge de 28 ans. « Un ami m’a proposé de l’accompagner pour une régate dans les Calanques, puis pour la Rolex Cup, puis pour les Voiles de Saint Tropez… Je ne servais pas à grand chose hormis border et faire du leste, mais j’ai adoré. » Elle réitère l’expérience plusieurs années de suite, commence à s’aventurer offshore. Et finit, inspirée par l’exemple d’un autre ami, par acheter en 2018 un Maxi 6’50 afin de préparer la Mini Transat.

Les débuts sont ardus. « Je ne savais vraiment pas naviguer. Je ne savais même pas ce qu’était une bastaque. » Le découragement guette, particulièrement lorsque le COVID-19 interrompt ses entraînements. « Heureusement, un cousin m’a remotivée en me disant que le chemin importait plus que l’arrivée. »

Aujourd’hui, elle fait l’aller-retour entre Paris et Lorient tous les 15 jours, et affiche plusieurs courses en solitaire et en double à son compteur. « La MiniGascogna de Port-Bourgenay à Getxo en Espagne, la PLM Lorient, la Pornichet Sélect entre Belle-Île, l’Île d’Yeu, les Sables d’Olonne et Groix, le Fastnet de Douarnenez à l’Irlande… Sans oublier un parcours hors course de 1 000 milles (1 850 kilomètres) entre Lorient, l’Irlande et l’Île de Ré. J’ai traversé la Manche non pas une mais deux fois, malgré du gros temps, un spi déchiré que j’ai dû réparé à l’arrachée, et des panneaux solaires qui ne chargeaient plus mes batteries, me contraignant à barrer pendant de longues heures. » 

Mais son expérience la plus forte et la plus formatrice sera sa participation à la SAS, l’été 2022. « Un incroyable aller-retour entre la France et l’archipel des Açores – ce qui revient à traverser un tiers de l’Atlantique. Une course contre les autres concurrents et contre soi-même : je me sentais si seule que j’en suis arrivée à papoter avec les cargos que je croisais de temps en temps ! Mais aussi contre les éléments : le Cap Finistère n’a pas dérogé à sa réputation, avec beaucoup de vent et de mer, de même que l'anticyclone des Açores, avec une pétole interminable… Et comme si ça ne suffisait pas, j’ai aussi subi une avarie technique, quand mon aérien m’a lâché, me privant d’information vent et de pilote. Pour le réparer, je devais monter au mât, à 12 mètres de hauteur, accrochée à une drisse de 6 millimètres, et chahutée comme la bille d’un pendule par la houle… Ma première tentative s’est soldée par un échec : je restais tétanisée, en larmes, au niveau des deuxièmes barres de flèche. J’ai passé deux jours à barrer avant d’oser retenter ma chance. Cette fois, j’ai réussi mon coup. » 

Des épreuves compensées par l’arrivée spectaculaire, entre les volcans, les falaises abruptes et les dauphins – et par les leçons à en tirer. « J’aborde cette aventure comme un projet entrepreneurial, qui à ce titre m’aide à développer des compétences dont j’ai aussi besoin pour le lancement, en parallèle, de ma start-up, Shape The World, plateforme de recrutement dédiée aux métiers de la transition énergétique, environnementale et sociale. Par exemple, la recherche de sponsors m’a appris à pitcher… D’ailleurs, avis aux ESSEC : je recherche encore des partenaires pour me rejoindre aux côtés de la Région Île-de-France ! »


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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