Guillemette Lepez (E98) : « La Convention des Entreprises pour le Climat pèsera dans l’élection présidentielle »
Après la Convention des Citoyens pour le Climat (CCC), voici la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) ! Guillemette Lepez (E98), chargée de recrutement et de communication pour l’initiative, nous en présente les objectifs : mobiliser 150 dirigeants et dirigeantes économiques – dont des ESSEC – sur les enjeux environnementaux pour peser dans le jeu politique français.
ESSEC Alumni : Pouvez-vous nous présenter la CEC – et votre rôle dans cette initiative ?
Guillemette Lepez : La CEC est une association d’entrepreneurs et dirigeants d’entreprises, inspirée de la CCC. Tous ont vécu dans leurs carrières un décalage entre les discours et les actions concrètes pour le climat. Objectif à terme : rassembler 150 dirigeants et dirigeantes pour leur faire co-construire les nouvelles règles du jeu du monde économique de demain. Nous avons l’espoir que ce travail – qui durera 12 jours, répartis sur 8 mois, en 6 sessions de 2 jours – créera une impulsion commune et qu’elle inspirera d’autres entreprises.
EA : Comment sont sélectionnés les membres de la CEC ?
G. Lepez : À la différence de la CCC, les participants ne sont pas tirés au sort mais sélectionnés à partir de leur candidature. C’est là que j’entre en scène : au sein du pôle Dirigeants composé de 8 bénévoles, je sélectionne ou chasse les entreprises qui nous intéressent pour obtenir un panel représentatif des entreprises françaises selon les critères INSEE/MEDEF. Déjà 60 chefs d’entreprises ont confirmé leur participation. 30 supplémentaires vont suivre sous peu.
EA : Quels sont les profils des dirigeants et entreprises que vous mobilisez ?
G. Lepez : Assez naturellement, les candidatures que nous attirons viennent d’entreprises qui sont déjà en chemin, avec parfois des leaders très engagés, des personnalités fortes de la transition écologique. Ce qui n’empêche pas la diversité. Nos entreprises produisent de la bière en Corse, de l’acier inoxydable en Savoie ou des fournitures automobiles à travers le monde, gèrent des hôtels et des restaurants, délivrent des conseils en stratégie, en data science ou en ingénierie… Elles ont été créées en 1855 dans un château ou en 2018 grâce aux réseaux sociaux… Et nous comptons autant des startups et PME que des grands groupes comme Bouygues Immobilier, Renault Trucks, Nature & Découvertes (groupe Fnac Darty), ou encore Babilou fondé par Rodolphe Carle (E99).
EA : Y a-t-il des profils qui manquent à l’appel pour l’instant ?
G. Lepez : Tout notre travail consiste à aller chercher les entreprises qui pensent ne pas avoir leur place dans la CEC, notamment du fait de la nature très carbonée de leur activité ; or, nous avons besoin d’eux pour inclure leur point de vue dans les débats et nourrir la plateforme des propositions. Les grands groupes aussi restent plus difficiles à mobiliser car il peut être long d’atteindre le bon interlocuteur, en position de porter l’initiative en interne. Nous sommes notamment à la recherche de candidats dans le domaine de la santé, la banque et l’assurance, et le secteur du luxe. Autre préoccupation, celle de la représentativité territoriale : nous devons davantage couvrir l’Est, le Sud-Ouest et le Nord de la France, qui sont sous-représentés.
EA : Quid de la parité ?
G. Lepez : Nous visons un minimum de 40 % de dirigeantes, soit 60 sur 150. Nous aimerions annoncer une parité de genre dans notre prochaine vague de recrutement. La diversité est porteuse de valeurs et de renouveau.
EA : Comment se déroule le processus de recrutement de la CEC ?
G. Lepez : Le comité de sélection est très attentif aux lettres de candidature, qui doivent refléter une réelle motivation. Il rencontre ensuite les candidats individuellement pour dialoguer avec eux, présenter en détail le dispositif de la CEC, répondre aux questions et passer en revue la charte des engagements : contribution, confidentialité, indépendance… Puis le dirigeant est embarqué avec ses pairs pour se préparer d’ici la première session du 22 juillet.
EA : Sur quels sujets comptez-vous faire travailler les membres de la CEC lors des sessions prévues de juillet 2021 à mars 2022 ?
G. Lepez : Les participants traiteront les 5 thèmes de la CCC, à savoir consommer, se déplacer, se loger, produire/travailler, se nourrir. Nous en avons ajouté un 6ème, essentiel à nos yeux : s’épanouir. Ils exploreront également les 6 leviers systémiques propres au monde de l’entreprise : la comptabilité, la finance, les nouveaux indicateurs comme la comptabilité carbone, la formation et le marketing.
EA : Concrètement, quels seront les objectifs de ces sessions ?
G. Lepez : Ces sessions sont conçues pour rendre opérationnelle la transition écologique au sein des entreprises. Chaque dirigeant démarrera la CEC avec sa propre feuille de route environnementale, appelée à évoluer. L’idée est que chacun opère à la fois une transition intérieure et une redirection progressive de tout l’écosystème de son entreprise, en déployant des actions au niveau des employés, actionnaires, clients, fournisseurs, partenaires, territoires d’implantation…
EA : La dernière session coïncidera avec l’élection présidentielle française. Hasard du calendrier ou volonté assumée ?
G. Lepez : Les dirigeants de la CEC présenteront publiquement leurs propositions aux décideurs politiques – et l’élection présidentielle nous paraît effectivement le bon moment pour le faire, car il s’agit toujours d’une séquence propice à l’émergence d’idées nouvelles. Les candidats à la présidence ne pourront pas être indifférents à cette initiative. D’une part, nos 150 dirigeants seront représentatifs de l’économie française. D’autre part, ils seront, pour un certain nombre, membres de différentes organisations patronales, de réseaux professionnels, de syndicats sectoriels. Ensemble, ils porteront une vision complète et fine des enjeux économiques de la France. Les écouter, c’est sortir de l’inertie où nous nous trouvons quand chaque sphère – citoyenne, économique, politique – se renvoie la balle.
EA : Plus largement, avez-vous des liens avec la sphère publique et politique ?
G. Lepez : La CEC est 100 % indépendante. Les 6 fondateurs l’ont pensée ainsi, et refusent toute affiliation à un parti ou à une organisation. Pour autant, l’initiative suscite naturellement beaucoup de curiosité de la part du monde politique, et nous répondons toujours favorablement aux propositions de rencontres visant à présenter notre idée à un maximum d’acteurs du public comme du privé. Nous ne nous sommes pas créés en opposition de qui que ce soit. Nous souhaitons construire « avec », faire fonctionner l’intelligence collective au plus haut niveau d’ambition possible.
EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir vos actions ?
G. Lepez : Vous êtes, comme nous, convaincus que la priorité de notre monde doit devenir la régénération du vivant ? Si vous êtes dirigeant ou dirigeante d’entreprise, n’hésitez pas à candidater sur notre site. Si vous êtes salarié ou salariée d’une entreprise et que vous souhaitez impliquer celle-ci, mettez-moi directement en relation avec la direction RSE ou la direction générale : guillemette@cec-impact.org. Si vous souhaitez simplement nous aider sur le plan opérationnel (recrutement, embarquement des dirigeants, RH, événementiel, RP, communication, marketing…) ou si vous travaillez pour des fondations dont les thèmes d’investissement sont proches de la CEC (climat, biodiversité, transition…) contactez-moi aussi. Et si vous êtes une personne d’influence, relayez nos messages sur LinkedIn, et introduisez-nous auprès des organisations professionnelles et sectorielles et autres clubs auxquels vous appartenez !
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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