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Joseph Osman (E69) : « Le tabac est une drogue dure en vente libre »

Interviews

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29/10/2024

Joseph Osman (E69) s’engage dans la lutte contre le tabac depuis 20 ans. Son champ de bataille : le monde de l’entreprise, où il mène des actions de sensibilisation et d’accompagnement avec sa société OFT Conseil. 

ESSEC Alumni : Pourquoi vous être engagé dans la lutte contre le tabac ? 

Joseph Osman : Mon épouse est elle-même diplômée en tabacologie. Par son intermédiaire, j’ai eu l’occasion de rencontrer un professeur de pneumologie qui désespérait de recevoir des patients atteints de difficultés respiratoires à cause du tabac, à des stades trop avancés pour permettre des traitements. Il considérait qu’il fallait renforcer la sensibilisation en amont et, intéressé par mes 30 ans d’expérience en communication et en direction générale, il m’a proposé de développer des actions dans le monde de l’entreprise.  

EA : Comment êtes-vous passé à l’action ? 

J. Osman : À 60 ans, je me suis inscrit en faculté de médecine pour obtenir un diplôme universitaire de tabacologie. Puis j’ai pris la direction opérationnelle de l’Office Français de Santé au Travail (OFT), association qui mobilisait une vingtaine de médecins, infirmiers, pharmaciens, biologistes et autres spécialistes et qui se finançait en partie par des subventions, en partie par des interventions rémunérées en entreprise. La structure a cessé ses activités au bout de 10 ans mais j’ai prolongé son œuvre en lançant ma propre société, OFT Conseil, toujours en exercice aujourd’hui. Nous proposons des conférences motivationnelles dans les entreprises et les établissements scolaires ainsi que des programmes d’accompagnement individuel pour aider à arrêter de fumer.

EA : Où en est le tabagisme en France aujourd’hui ? 

J. Osman : Le tabac est une drogue dure en vente libre, à quelques exceptions règlementaires près. Seuls 20 à 30 % des 12 millions de nos concitoyens fumeurs arrivent à sortir de la dépendance tandis qu’un sur deux décède avant 65 ans suite à des pathologies graves, notamment pulmonaires et cardiovasculaires. La cigarette constitue ainsi la première cause de mortalité évitable, première cause de mortalité précoce et première cause de mortalité par cancer et maladies cardiovasculaires dans notre pays. Certes, des mesures phares ont été prises ces dernières années : extension des espaces publics concernés par l’interdiction de fumer, interdiction des puffs, paquet neutre… Mais ces efforts n’obtiennent pas de résultats suffisants, ou suffisamment rapides.

EA : Face à cette situation, quelles mesures préconisez-vous ?  

J. Osman : Primo : augmenter les prix de manière beaucoup plus volontariste, comme le font déjà de nombreux États ; l’expérience montre que cette stratégie reste la plus efficace. Deuxio : faciliter la formation à la tabacologie et autoriser les diplômés de ces cursus, mais aussi les pharmaciens, à proposer des traitements – et pas seulement aux soignants. Tertio : commencer la dissuasion dès 15 ans, voire avant, et mieux lutter contre les opérations marketing qui ciblent les plus jeunes. 

EA : Quid du vapotage ?

J. Osman : Les cigarettes électroniques peuvent amener à entrer dans le tabagisme, il faudrait donc aussi les interdire aux mineurs. En revanche, pour les adultes, le vapotage peut fonctionner pour diminuer certains risques de maladies. Mais ce n’est pas la panacée universelle. 

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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