Mardis de l'ESSEC : Gilles Pélisson (E79), PDG TF1
Le 14 juin 2016, les Mardis de l'ESSEC ont interviewé Gilles Pélisson (E79), président-directeur général de TF1, en direct du campus de Cergy.
« Koh Lanta, l’aventurier en moins ! » C’est ce que répond Gilles Pélisson quand on lui demande à laquelle de ses émissions il pourrait s’identifier. Il est vrai que sa trajectoire professionnelle a quelque chose du parcours du combattant : Eurodisney, Bouygues Télécom, Accor, et maintenant TF1. Des mastodontes, qu’il a gérés les uns après les autres... malgré le peu de rapports entre eux. Gestionnaire à défaut d’homme de médias ? Pas si sûr ! Le nouveau Pape du PAF défend une approche plus globale, et vante son expérience dans les domaines complémentaires que sont l’entertainment, avec Disney, et les contenus mobiles et Internet, avec Bouygues. Une manière de signifier que dans un secteur en voie de disruption par des acteurs comme Netflix, les poids lourds comme TF1 doivent s’adapter et ne peuvent plus se contenter d’être des chaînes de télévision à l’ancienne.
Le digital, c’est pas si mal
La multiplication des écrans offre des possibilités inédites en termes d’interaction et de diversification du contenu, tandis que l’arrivée du big data s’apprête à transformer le monde de la publicité. Autant d’opportunités que TF1 entend bien saisir. Notre temps devant la télévision ne diminue pas, dit Gilles Pélisson, mais notre manière de la regarder, elle, évolue – avec les modes, avec l’irruption technologique, mais aussi avec l’âge, le genre, la vie sentimentale…
Pour être toujours au plus près des attentes d’un public de plus en plus sectorisé, TF1 investit des champs nouveaux, et étend ses activités bien au-delà du petit écran : rachat de chaînes YouTube, partenariat avec Netflix… Rien n’arrête le géant bleu-blanc-rouge. Mais cette stratégie 2.0 ne doit pas masquer le travail de fond sur le core business. En bon gestionnaire de marques, Gilles Pélisson sait adapter les déclinaisons du groupe à des publics variés : TF1, le navire amiral généraliste ; TMC, l’ancienne chaîne de « recyclage » devenue une véritable entité, destinée à un public de jeunes actifs masculins ; NT1, plus féminine ; et LCI, qui rejoint enfin le club très sélect des chaînes d’informations accessibles en clair. Une stratégie de diversification on ne peut plus claire effectivement, doublée d’une volonté ferme d’étoffer les programmes.
Des prises de guerre salutaires
Yves Calvi, Yann Barthès et toute l’ancienne équipe du Petit Journal… Les nouveaux venus sont légion – pour le plus grand plaisir de l’audimat. La formule semble marcher, la diversification devient un leitmotiv qui a réponse à tout. La télévision est-elle devenue le média du gag, de l’humour gras, de l’information instantanée sans recul, au mépris de l’exigence culturelle ? « Que nenni ! Elle est diversifiée ! Elle se doit de couvrir toutes les demandes, de parler à tous les publics ! » TF1 abandonnerait-elle le foot aux frères ennemis du payants que sont Canal et BeIn ? « Non ! Elle choisit ses matchs et ses sports, couvre le foot aussi bien que le rugby, ou le cyclisme… »
Et Gilles Pélisson de conclure : « Nous ne pouvons pas continuer à faire comme si nous évoluions toujours dans un environnement à dix chaînes. Il y en a des centaines ! » Qu’à cela ne tienne : la Une a bien l’intention de tenir son rang encore longtemps.
Propos recueillis par Diego Mermet (étudiant).
Article paru dans le n°115 de Reflets ESSEC Magazine. Pour s'abonner, cliquer ici.
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