Thibaut Balayet (C13), Thomas Portier (C13) et Jérôme Guimbault (C13), alpinistes : « À chaque ascension, nous collectons des dons pour l’UNICEF »
Thibaut Balayet (C13), Thomas Portier (C13) et Jérôme Guimbault (C13) se sont lancé un défi hors du commun : gravir la plus haute montagne de chacun des 7 continents, tout en levant des fonds pour l’UNICEF. Rencontre au sommet avec trois alpinistes au grand cœur.
ESSEC Alumni : Pouvez-vous résumer votre parcours ?
Thibaut Balayet : Nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’ESSEC et avons tout de suite formé un groupe très soudé. Après avoir obtenu notre BBA, nous nous sommes envolés pour un Master de Management à la London Business School. Depuis 4 ans, nos routes se sont un peu éloignées pour des raisons professionnelles. Jérôme est allé travailler pour Google à Dublin puis à San Francisco, Thomas pour American Express à Londres puis à New York, et moi-même pour Integration Consulting à Londres.
EA : Comment en êtes-vous venu à l’escalade en haute montagne ?
Thomas Portier : Il y a quelques années, alors que nous vivions encore tous ensemble, nous discutions du livre Latitude 0, où Mike Horn raconte son tour du monde le long de l’équateur, sans assistance ni moteur. Vers la fin de son périple, Mike Horn passe par le Mont Kenya (5200 m) au Kenya et par le Kilimandjaro (5800 m) en Tanzanie. Son récit a aiguisé notre curiosité, et de fil en aiguille, nous nous sommes rendus quelques mois plus tard en Afrique pour escalader les deux montagnes emblématiques. Depuis, nous nous lançons dans une nouvelle expédition dès que nos agendas professionnels nous le permettent.
EA : Qu’est-ce qui vous plaît dans ces aventures ?
Jérôme Guimbault : Le fait de dépasser nos limites et de découvrir des paysages fascinants… Et aussi, maintenant que nous habitons dans des villes éloignées, de nous retrouver une fois par an, dans un contexte propice aux échanges et à la discussion. Pas de connexion Internet ou de réseau téléphonique à 5000 mètres d’altitude !
EA : Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans l'ascension de l’Aconcagua ?
T. Balayet : En 2016, alors que nous escaladions le Mont Elbrouz (5200 m) dans le Caucase russe, nous avons croisé la route d’Omar Samra, premier Égyptien à avoir atteint le plus haut sommet de chacun des 7 continents. Il nous a convaincus de marcher dans ses pas. Après le Kilimandjaro (Afrique) en 2015 et Elbrouz (Europe) en 2016, nous avons décidé de poursuivre avec le sommet qui restait le plus abordable par rapport aux quatre autres restants.
T. Portier : En effet, bien que très haut (6962 m), l’Aconcagua ne pose pas de difficultés particulières sur le plan technique. Nous avons pu nous focaliser sur la préparation physique et sur l’acclimatation aux conditions locales, pour ne pas être atteints par le mal des montagnes.
EA : Comment s’est passée l’ascension ?
J. Guimbault : Nous avons débuté notre ascension le 19 décembre à 2300 mètres d’altitude, avec pour ambition d’atteindre le sommet entre le 31 décembre et le 3 janvier, en fonction des aléas météo. Et de fait, la question s’est posée dès le 22 décembre. Après un peu plus de 40 km d’approche, nous sommes arrivés au Base Camp à 4200 mètres, et nous avons appris qu’une tempête était annoncée pour le 30 décembre. Il a alors fallu arbitrer entre monter à marche forcée, pour prendre le mauvais temps de vitesse, ou continuer au même rythme, en s’exposant aux intempéries. Nous avons décidé qu’il était moins risqué d’accélérer la cadence.
T. Balayet : Du 23 au 25, nous avons effectué des allers-retours entre le Base Camp et le Camp 1, à 5000 mètres, à la fois pour nous acclimater et pour emmener notre matériel. Le 26, nous avons gagné le Camp 2, à 5500 mètres. Avec 25 kilos d’équipement (tente, nourriture, réchaud…) sur le dos, nous commencions à sentir la fatigue, du coup nous avons opté pour une nouvelle phase d’acclimatation du 27 au 28, entre le Camp 2 et le High Camp à 6000 mètres.
T. Portier : Et le jour fatidique est enfin arrivé ! Le 29, après 10 heures d’effort, nous avons atteint le sommet à 6962 mètres, dans des conditions exceptionnelles : soleil, ciel bleu, pas de vent et une température de « seulement » -12°C.
J. Guimbault : 2 jours plus tard, nous étions de retour à Mendoza, la plus grande ville de la région, et nous trinquions à notre succès avec le vin local.
EA : Plus que 4 sommets sur 7 à grimper… Quelles sont vos prochaines étapes ?
T. Balayet : Nous allons d’abord nous tourner vers le Denali (6190 m), situé dans le nord de l’Alaska et réputé pour être une des montagnes les plus froides et les plus imprévisibles du monde !
T. Portier : Nous n’avons pas encore décidé dans quel ordre nous ferons les 3 derniers (Mont Vinson en Antarctique, Puncak Jaya en Océanie, Everest en Asie), mais nous intercalerons sûrement d’autres sommets au milieu – Matterhorn en 2018 par exemple – afin de nous préparer techniquement, physiquement et mentalement.
EA : Justement, comment se prépare-t-on à une telle aventure ?
J. Guimbault : On ne peut rien laisser au hasard si on veut minimiser le risque d’accidents. Pour nous, la première étape consiste à lire toutes les sources disponibles pour se renseigner sur la montagne visée et sur les modalités de son ascension – accès, routes, altitude des camps de base…
T. Balayet : Ensuite, nous nous focalisons sur l’aspect le plus important à nos yeux : le recrutement d’un guide local expérimenté qui a déjà escaladé la montagne au moins une vingtaine de fois. C’est un choix un peu coûteux, mais la sécurité n’a pas de prix.
T. Portier : Après, nous passons à l’organisation logistique, notamment à l’achat du matériel. Ça n’a l’air de rien, mais il faut réfléchir avec beaucoup de précision pour être sûr de ne pas oublier quelque chose qui pourrait s’avérer crucial lors de l’ascension, notamment en cas de problème.
J. Guimbault : Dans la même optique, nous suivons tout un programme de préparation physique, avec de la course à pied, de la musculation et du triathlon. Ce sont des sports relativement complets qui nous permettent de développer notre puissance et notre endurance, et donc de soutenir des efforts de longue durée une fois sur la montagne.
T. Balayet : Parallèlement, nous nous préparons également sur le plan mental. Nous alternons yoga et méditation, et avant le départ, nous nous efforçons de clôturer tous les sujets de nos vies personnelles et professionnelles susceptibles de devenir des sources de distraction par la suite.
EA : Vous avez décidé d'associer l'UNICEF à votre projet. Pourquoi ce partenariat ? Et quelles en sont les modalités ?
T. Portier : Constatant l’engouement qu’ont suscité nos premières expéditions dans notre entourage, nous avons eu envie d’utiliser cette force de traction à des fins humanitaires.
J. Guimbault : Et comme nous avons pleinement conscience que nous devons notre réussite au fait d’avoir toujours eu accès, dès notre plus jeune âge, à tout ce dont nous avions besoin pour nous épanouir (eau potable, éducation, logement…), nous avons décidé de nous engager pour l’égalité des chances entre les enfants du monde entier.
T. Balayet : C’est pourquoi nous avons choisi l’UNICEF. Le principe du partenariat est simple : à chaque ascension, nous créons une page de collecte sur le site www.team.unicef.fr, et nous profitons de la communication autour de notre projet pour lancer des appels de dons.
EA : Comment les alumni peuvent-ils vous soutenir ?
T. Portier : D’abord en faisant des dons à l’UNICEF ! Si nous pouvons mobiliser un maximum de diplômés et d’étudiants de l’ESSEC pour cette cause, nous aurons vraiment atteint notre objectif.
J. Guimbault : Après, les expéditions d’alpinisme sont longues et coûteuses… Tout sponsoring institutionnel (financier), matériel (équipement de montagne, textile), et logistique (avion, train, assurance) nous serait d’une aide précieuse.
T. Balayet : Enfin, nous serions ravis d’échanger avec d’éventuels alpinistes chevronnés qui pourrait nous aider à accroître notre connaissance du milieu et à mieux nous préparer pour nos prochaines expéditions. Plus largement, nous n’aimons rien plus que partager notre passion de la montagne. C’est pourquoi nous invitons tout ESSEC intéressé à nous contacter pour savoir comment suivre nos aventures, voir nos photos et découvrir nos anecdotes de voyage.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)
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