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Jean-Michel Moslonka (E88) : « Nous fournissons des données sur le COVID-19 aux scientifiques du monde entier »

Interviews

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06.23.2020

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Jean-Michel Moslonka (E88) fait partie de l’équipe aux manettes de Datacovidinitiative de science citoyenne qui fournit en open-access des données sur l’épidémie de COVID-19. Explications.

ESSEC Alumni : Pouvez-vous nous présenter l’initiative Datacovid et le baromètre COVID-19 ?

Jean-Michel Moslonka : Il s’agit d’un partenariat public-privé visant à fournir de grandes bases de données sur le COVID-19 gratuitement, en licence ouverte, aux scientifiques du monde entier. Le baromètre Datacovid est basé sur des sondages réguliers réalisés en partenariat avec Ipsos auprès d’échantillons de 5000 personnes représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Nous avons déjà financé et réalisé 8 vagues de sondages dans les deux derniers mois, et nous prévoyons de continuer toutes les 2 à 4 semaines en cette période post-confinement.

EA : Qui porte cette initiative ? 

J.-M. Moslonka : Un collectif de chercheurs, scientifiques et citoyens. La gouvernance du projet est assurée par un comité d’experts de haut niveau où sont notamment représentés le CNRS, l’Institut Pasteur, la Cour des Comptes, l’APHP et France Stratégie. Au sein de ce collectif, je suis en charge des partenariats avec Ipsos, les sponsors qui financent le projet, et nos partenaires en « intelligence » qui incluent les sociétés HoganLovells, Linedata, EarlyMetrics et Dreamquark.

EA : Quels enseignements tirez-vous de vos enquêtes ? 

J.-M. Moslonka : Nos enquêtes sont centrées sur des thématiques spécifiques comme le changement climatique, les nouvelles mobilités, le contrat social de demain, ou l’industrie 3.0. Nous en tirons de nombreux enseignements. Par exemple, que le temps passé en extérieur et le nombre de contacts hors foyer n’ont cessé de progresser depuis le début de l’épidémie. Ou encore, malheureusement, que les citoyens ne font pas beaucoup confiance au gouvernement ou aux médias. Ce n’est pas nouveau d’ailleurs, mais la crise du COVID-19 a encore amplifié ce phénomène.

EA : La crise du COVID-19 serait donc aussi une crise de confiance ?

J.-M. Moslonka : Les Français font davantage confiance aux scientifiques et aux professionnels du soin et de la médecine pour les éclairer dans cette période difficile. Mais il y a bel et bien un climat de défiance généralisée. Notre dernière enquête (réalisée du 26 au 31 mai) montre ainsi que trois populations font particulièrement peur aux Français dans ce contexte : les « gens qu’on ne connaît pas et qui s’approchent » (71 %), les SDF (70 %) et les étrangers (59 %)…

EA : La France a peur…

J.-M. Moslonka : … et cette peur est multiforme. Elle a évidemment d’abord trait à la crise sanitaire : 69 % des Français déclarent ne plus prendre les transports en commun quand il y a trop de monde, 64 % faire attention à ce qu’il n’y ait pas trop de gens dans les magasins où ils se rendent, 43 % évitent de parler à des inconnus. Mais ça ne se limite pas au COVID-19. L’inquiétude par rapport au changement climatique s’accroît également, et intègre désormais le top 3 des sujets qui préoccupent les Français, à 36 %. Ils sont même 57 % à penser que l’on n’a « pas assez respecté le monde naturel ». Autant dire que les comportements des citoyens et des consommateurs risquent de changer dans le monde post-COVID-19. 

EA : Où peut-on consulter ces données ?

J.-M. Moslonka : Nos données sont publiées en open source sur le site gouvernemental data.gouv.fr . Tout chercheur, scientifique, association, entreprise ou citoyen peut les télécharger ici. Chacun est ainsi libre de les étudier et d’en faire sa propre analyse. La dimension open data est au cœur de la démarche de « science citoyenne » que nous voulons promouvoir.

EA : Quel(s) usage(s) peut-il être fait de ces données ?

J.-M. Moslonka : Des chercheurs peuvent les croiser avec d’autres données afin de les enrichir. Par exemple, en les croisant avec des données « search » (recherches Google) ou « social » (ce que les citoyens discutent sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram). D’autres peuvent les soumettre à des algorithmes d’intelligence artificielle.

EA : Votre initiative concerne-t-elle uniquement la France ? Ou a-t-elle une vocation internationale ?

J.-M. Moslonka : Nous avons démarré sur la France, où nous avons rencontré un grand succès, comme en témoignent la liste de nos sponsors (Gilead, Amgen, Roche, Johnson & Johnson, CNP Assurances, Vinci Autoroutes, RATP, EDF) et nos relations rapprochées avec la Présidence de la République, les cabinets ministériels, et les collectivités telles que la Ville de Paris ou les conseils régionaux.

Nous sommes en outre sur le point de lancer Datacovid aux États-Unis, où nous pourrions apporter des éclairages utiles et objectifs en cette période de troubles sociaux. Nous avons déjà recruté un conseil scientifique de très haut niveau avec des professeurs de Harvard, Columbia, Berkeley, Nothwestern, INSEAD, ainsi que des universités de Washington, Michigan, Maryland et Georgie. Nous recherchons désormais des sponsors locaux.

EA : Comment les ESSEC peuvent-ils soutenir votre initiative ?

J.-M. Moslonka : Justement, vous pouvez devenir notre sponsor, en France comme aux États-Unis ! Vous bénéficierez ainsi d’une visibilité média (en France nous avons un partenariat avec Le Monde) et aurez l’opportunité de poser 3 questions spécifiques dans le sondage. Les alumni intéressés peuvent me contacter directement par e-mail : jm.moslonka@agalio.com.


À propos de Jean-Michel Moslonka (E88)

Jean-Michel Moslonka est président d’Agalio, entreprise de conseil et de formation en marketing stratégique et en innovation ouverte. Agalio travaille pour des grands groupes dans les secteurs pharmaceutique et financier, ainsi que dans d’autres industries, et a également une activité de M&A Advisory pour les startups de la medtech et de la fintech.

Jean-Michel Moslonka est en outre professeur invité à l’INSEAD, où il vient de finir un projet de recherche sur l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé. Il développe par ailleurs pour l’ESSEC Executive Education un séminaire sur la transformation digitale du secteur pharmaceutique, dont le pilote aura lieu en septembre 2020.


En savoir plus : 
www.datacovid.org


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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