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Stéphanie Rivoal (E93), marraine du Gala ESSEC : « Mon parcours atypique peut inspirer les jeunes générations »

Interviews

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04.08.2019

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Stéphanie Rivoal (E93) marraine le Gala ESSEC 2019. Un rôle qui va bien à cette femme inspirante, passée par la finance, la photographie, l’humanitaire et la diplomatie. Rencontre.

ESSEC Alumni : Pourquoi avoir débuté votre carrière dans la banque d’affaires, pour finalement quitter ce milieu ?

Stéphanie Rivoal : J’ai grandi en banlieue parisienne avec des parents fonctionnaires. J’avais besoin de prouver que j’avais ma place en école de commerce, et j’aimais les mathématiques. Je me suis orientée vers la voie royale : Goldman Sachs, Lazard, JP Morgan... Pendant dix ans, j’ai apprécié mon travail, ses problématiques, son dynamisme. Mais traiter les produits dérivés m’est devenu difficile après les scandales Enron et Vivendi ; je ne trouvais plus ma place dans ce monde.

EA : Comment avez-vous amorcé votre reconversion ?

S. Rivoal : J’ai démissionné après un voyage introspectif en Thaïlande. Je me suis d’abord inscrite à une école de photographie, et j’ai commencé à décrocher des contrats, notamment grâce au réseau de l’école, tout en réalisant des portraits artistiques. Cela répondait à une envie de rencontre et d’humanité.

EA : C’est ce qui vous a poussée à finalement postuler chez Action Contre la Faim (ACF)… 

S. Rivoal : Logisticiens, infirmiers et agronomes étaient et restent recrutés en priorité, mais le tsunami de décembre 2004 a créé un appel d’air en dépeuplant les missions du reste du monde. Mon mari et moi avons d’abord été envoyés au Darfour. Charia, conditions climatiques difficiles, conflit armé, désastre humanitaire… Nous avons tout appris d’un coup. Puis je suis partie Beyrouth en 2006 et me suis retrouvée sous les bombes. C’est une expérience qu’on n’oublie pas.

EA : Qu’est-ce qui est spécifique au management d’une équipe humanitaire ?

S. Rivoal : Premièrement, les collaborateurs sont répartis sur un territoire entier, et les systèmes de communication erratiques : pour régler un problème en campagne soudanaise, on ne peut pas simplement organiser une réunion, on doit prendre l’hélicoptère ! Deuxièmement, on ne peut pas non plus accorder de promotion ou de bonus pour motiver les troupes, cela n’aurait aucun sens ; tout passe par l’affect, l’émotionnel, les humanitaires étant des personnes très engagées, qui risquent beaucoup pour aider les autres.

EA : Peu à peu, vous avez gravi les échelons jusqu’au poste de présidente…

S. Rivoal : J’ai dû ce poste à mon sens du management, cette dimension prenant de plus en plus d’importance dans la gestion des missions humanitaires, ainsi qu’à mes compétences financières, rares dans ce secteur, et nécessaires pour comprendre le budget d’une ONG.

EA : Pourquoi avoir décidé de vous reconvertir à nouveau, et de devenir ambassadrice ? 

S. Rivoal : Je ne vois pas cette nouvelle étape comme une reconversion mais comme une continuation, la suite logique à mon parcours. J’avais terminé mon mandat de présidente, et je voulais continuer à me rendre utile d’une autre manière, au service de mon pays.

EA : Comment cette transition s’est-elle opérée ? 

S. Rivoal : C’est un ami diplomate qui m’a suggéré de postuler à un poste d’ambassadeur. J’ai trouvé cette opportunité très exaltante – d’autant plus qu’n tant que présidente d’ACF, j’étais déjà souvent en contact avec le Ministère des Affaires Étrangères, notamment le centre de crise et de soutien.

EA : Vous avez ainsi été nommée ambassadrice de France en Ouganda…

S. Rivoal : Je suis resté en poste trois années, durant lesquelles j’ai tenté de faire rayonner la France de multiples manières – par la francophonie, le sport, la réflexion géopolitique, la mode, la gastronomie, la technologie. Ma mission était de servir les intérêts de la France dans une relation équilibrée avec le pays d’accueil, tout en soutenant les activités commerciales des entreprises françaises sur place. Pour moi, il s’agissait aussi d’être le plus possible en contact avec la société civile, les femmes, les jeunes en Ouganda.

EA : Vous êtes récemment rentrée en France. Quelles sont vos activités désormais ?

S. Rivoal : J’ai été récemment nommée Secrétaire Générale du Sommet Afrique-France 2020 sur le thème de la Ville Durable. C’est un sujet essentiel et passionnant pour la France et pour les pays d’Afrique. Je sui ravie de garder un lien avec ce continent, et de relever un nouveau défi !

EA : Votre formation d’école de commerce vous aide-t-elle dans vos fonctions ?

S. Rivoal : Si mon diplôme n’est plus le passeport pour trouver un emploi comme au début, ce que j’ai appris en école de commerce et le réseau développé depuis mes études continuent de me servir. Mon parcours, assez unique, fait le reste. C’est un atout indéniable quand les gens comprennent ma démarche. On ne peut pas m’enlever toutes ces expériences de vie.

EA : Pourquoi avoir décidé de marrainer le Gala ESSEC 2019 ? 

S. Rivoal : Comment refuser un tel honneur ? Je suis fière d’être ESSEC. Et je me réjouis de voir les nouvelles générations, d’écouter, de comprendre, de partager. Je pense que je commence à entrer dans une période où la transmission est importante. Assister au Gala en tant que marraine, c’est avoir l’opportunité de parler aux jeunes de mon parcours, de leur montrer que la vie est pleine de surprises et que le chemin n’est pas forcément rectiligne. Et c’est tant mieux ! La richesse est dans la diversité. J'encourage d'ailleurs tous les alumni à prendre leur place dès maintenant pour nous rejoindre au Gala !

EA : Plus largement, êtes-vous restée en lien avec l’école et la communauté ESSEC au fil de votre vie ? 

S. Rivoal : Mes meilleurs amis sont pour certains des ESSEC. Et je suis revenue à l’école en 2015 pour une émission de télévision sur ma carrière. C’était d’ailleurs assez comique de revenir en jeans et baskets à la Junior Entreprise où mes successeurs d’une vingtaine d’années étaient pour leur part en tailleurs et costumes !

 

Envie de participer au Gala ESSEC 2019 comme Stéphanie Rivoal ? Prenez vos places dès maintenant !

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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