Accès à l’emploi : l’EXEC MBA de l’ESSEC s’engage pour NQT
Chaque année, les participants à l’Executive MBA de l’ESSEC choisissent de soutenir une cause associative dans le cadre d’un Projet Social. La promotion 2022 se mobilise pour NQT (ex-Nos Quartiers ont des Talents), qui œuvre pour l’égalité d’accès à l’emploi. Explications d’Elise Nsangou Ngaloumo (EXEC MBA 22), Safia Benlakhal (EXEC MBA 22) et Soraya Benberghout (EXEC MBA 22).
ESSEC Alumni : Pouvez-vous nous présenter l’association NQT ?
Elise Nsangou Ngaloumo : L’histoire de l’association débute en 2005 en Seine-Saint-Denis sous l’impulsion de Yazid Chir, à l’époque président du Medef local. C’est en rencontrant des entreprises confrontées à des problèmes de recrutement de personnel qualifié dans le 93 que lui vient l’idée de lancer une campagne dédiée avec les services de Pôle Emploi, ciblant 200 jeunes diplômés du département.
Safia Benlakhal : Yazid Chir et ses équipes rencontrent ainsi des jeunes méritants, dont les familles ont consenti des sacrifices pour leur permettre de faire des études, mais qui galèrent depuis des années pour décrocher un emploi correspondant à leurs compétences. Sans réseau ni d’accompagnement, ils ont souvent été obligés de choisir des jobs alimentaires et ont perdu confiance en eux. Des professionnels sont mobilisés pour les coacher, et 70 % trouvent un poste à hauteur de leurs qualifications en 6 mois.
Soraya Benberghout : Au vu de ces résultats, l’expérience est pérennisée. Depuis, NQT agit en faveur de l’égalité des chances en accompagnant vers l’emploi, l’alternance ou la création d’entreprise des jeunes diplômés (bac +3 et plus, moins de 30 ans) issus de milieux modestes et de quartiers défavorisés ou de la ruralité, grâce à un système de mentorat.
EA : Aujourd’hui, où en sont les inégalités d’accès à l’emploi en France ?
E. Nsangou Ngaloumo : Les jeunes diplômés d’origine sociale modeste – particulièrement lorsqu’ils résident dans des territoires prioritaires – sont surexposés au chômage par rapport à la population générale, même quand ils ont réussi à faire des études supérieures.
EA : Comment expliquer cette situation ?
S. Benlakhal : D’abord, ces jeunes sont pour la plupart les premiers de leur entourage à suivre un cursus de ce niveau, ce qui peut entraîner un sentiment d’illégitimité et des difficultés à se projeter au-delà du diplôme – d’autant qu’ils manquent de modèles auxquels se référer, les réussites des personnes issues du même milieu étant souvent invisibilisées.
S. Benberghout : Le problème est particulièrement prégnant en université (où les jeunes d’origine sociale modeste sont surreprésentés) car les contacts avec le monde du travail sont moins nombreux (stages, alternances). Cette méconnaissance du fonctionnement de l’entreprise entraîne un effet domino : allongement de la durée de recherche d’emploi, découragement face aux nombreux refus, résignation…
E. Nsangou Ngaloumo : Sans oublier que 80 % des offres pour des postes de cadres (ou assimilés) se trouvent sur le marché caché, et non sur les sites d’annonces. Or les jeunes d’origine sociale modeste n’ont pas les réseaux nécessaires pour y accéder.
S. Benlakhal : Beaucoup sont en outre orientés vers des filières bouchées, pas forcément en adéquation avec les besoins des entreprises.
EA : Quelles sont les solutions proposées par NQT ?
S. Benberghout : Le mentorat est au cœur du programme d’accompagnement proposé par NQT. Le concept est simple : des salariés d’entreprises partenaires se portent volontaires pour devenir mentors. NQT leur donne des conseils, des méthodes et des directives, puis les matche avec des jeunes diplômés. À raison de deux heures par mois en moyenne, les mentors aident les jeunes diplômés à comprendre les codes de l’entreprise, à se construire un réseau professionnel et, plus important encore, à reprendre confiance en eux.
E. Nsangou Ngaloumo : NQT a également développé tout un panel de services de coaching et d’accompagnement. Certains jeunes sont ainsi orientés vers de l’alternance ou des formations complémentaires pour favoriser leur insertion professionnelle. La crise du COVID a en outre poussé l’association à lancer l’APP’NQT, plateforme digitale facilitant l’inscription des participants et améliorant la fluidité des échanges. Autre nouveauté récente : le Club des mentors NQT, qui permet aux mentors de se regrouper par domaine ou territoire et de partager des bonnes pratiques.
EA : Quels résultats ces solutions permettent-elles d’obtenir ?
S. Benlakhal : En 15 ans, ce sont près de 70 000 jeunes (dont 2/3 de femmes) qui ont été accompagnés. 70 % ont connu une sortie positive en 6 mois environ, ce qui traduit une réduction de 12 mois en moyenne de leur période de galère. L’impact indirect est peut-être encore plus important : c’est de démentir l’idée malheureusement courante selon laquelle faire des études, cela ne sert à rien…
S. Benberghout : Ces résultats ont été obtenus avec l’aide de plus de 14 000 mentors bénévoles. Ces derniers sont des cadres expérimentés en activité, issus de près de 1 000 partenaires dont 750 entreprises, qui renouvellent leur engagement pendant 9 ans en moyenne. Autrement dit : NQT a créé le premier réseau d’entreprises engagées pour l’égalité des chances en France.
E. Nsangou Ngaloumo : Tant est si bien que l’initiative lancée par NQT, ainsi que d’autres programmes associatifs, ont fini par inspirer le gouvernement, qui a lancé l’an dernier le programme 1 jeune, 1 mentor.
EA : Quelles actions menez-vous avec l’Executive MBA de l’ESSEC au profit de NQT?
S. Benlakhal : L’équipe de NQT s’investit à 100 % pour atteindre son objectif d’accompagner 100 000 jeunes d’ici 2025. Mais elle manque de temps pour prendre de la hauteur sur ses activités et optimiser sa stratégie. L’ambition des 43 étudiants de l’Executive MBA de l’ESSEC : accroître la visibilité de l’association auprès des entreprises et des jeunes en mobilisant les moyens, les compétences et le réseau de l’ESSEC.
S. Benberghout : Nos actions s’articulent autour de 4 axes. Premièrement, communiquer et sensibiliser, notamment en organisant une table ronde avec NQT et les alumni de l’ESSEC autour du thème de l’égalité des chances vers l’emploi grâce au Mentorat dans une économie disruptive où les métiers évoluent rapidement et les entreprises font face à une pénurie de talents.
E. Nsangou Ngaloumo : Deuxièmement, mener une enquête auprès d’entreprises (partenaires ou non de NQT) pour évaluer l’attractivité de l’association.
S. Benlakhal : Troisièmement, réaliser une étude d’impact de NQT auprès de jeunes que l’association a aidés à intégrer le marché de l’emploi place. L’idée est de déterminer de manière très spécifique les clés de leur réussite afin de pouvoir capitaliser sur ces facteurs et faire évoluer le dispositif existant en conséquence.
S. Benberghout : Enfin, élaborer une stratégie d’internationalisation pour pouvoir proposer des mentors basés à l’étranger et exporter le modèle de NQT.
EA : Comment ce projet s’inscrit-il dans votre cursus à l’Executive MBA de l’ESSEC ?
E. Nsangou Ngaloumo : Citons le directeur du programme : « Le projet social de l’EMBA est l'occasion pour les participants de redonner une partie de ce qui leur a été donné. À l'ESSEC, nous croyons fermement que diriger une entreprise, faire du business, ne se limite pas à gagner de l'argent et que nous avons également une responsabilité envers la société. »
S. Benlakhal : Il faut mettre l’action sociale au cœur des préoccupations des leaders et managers, en alliant l'engagement de l'entreprise avec celui de ses salariés dans une aventure sociétale et citoyenne à l’impact visible.
S. Benberghout : C’est aussi un moyen d’encourager le travail et la réflexion en groupe. Avec 43 participants aux profils et parcours différents, on peut compter sur beaucoup d’idées et d'énergie. Voilà l’un des principaux enseignements que nous retiendrons de cette expérience : la diversité est une clé du succès. NQT s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans cet état d’esprit.
EA : Comment les ESSEC peuvent-ils soutenir vos actions ?
E. Nsangou Ngaloumo : Vous pouvez participer à nos événements, partager cette interview sur les réseaux sociaux, inciter votre entreprise à devenir partenaire de NQT en parlant de notre projet à vos équipes de direction, RSE, RH ou diversité, ou tout simplement nous apporter vos idées.
Contacts :
EMBA 2022 : Safia Benlakhal – safia.benlakhal@essec.edu
NQT : Nirina Moutou – n.moutou@nqt.fr
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