Mardis de l’ESSEC : Claire Waysand, directrice générale d’Engie
Les Mardis de l’ESSEC ont reçu Claire Waysand, directrice générale par intérim d’Engie. Une femme de conviction, prête à mener la transition énergétique de manière… énergique !
« Notre modèle de croissance actuel n’est pas soutenable. Il est urgent que l’humanité se mette à produire et consommer différemment. » Pas étonnant au vu de ses convictions que Claire Waysand ait été nommée à la direction générale d’Engie. Le n°3 mondial du secteur énergétique a en effet engagé une véritable mue stratégique depuis quelques années, en investissant pleinement le champ des énergies renouvelables. « Notre groupe a déjà divisé son empreinte carbone par deux. »
Et ce n’est qu’un début. Engie mise fortement sur l’éolien et le photovoltaïque, « qui sont extrêmement matures, avec des prix très divisés », et plus encore sur l’éolien offshore, « solution d’avenir tout à fait intéressante, beaucoup moins intermittente que les autres », sans oublier l’hydrogène.
C’est aussi au nom de cette transition que Claire Waysand justifie la décision de son conseil d’administration de céder ses parts dans Suez à Veolia. « Cette opération vise à dégager des moyens pour réinvestir dans nos priorités : les énergies propres et l’amélioration de nos infrastructures. » Elle affirme en outre que le risque de monopole n’existe pas : « L’autorité de la concurrence veillera à faire en sorte que les règles en vigueur s’appliquent. » Quant aux risques de plans sociaux, dans un contexte économique et social déjà tendu : « Veolia a pris des engagements de conservation de l’emploi jusqu’en 2023. »
Si les énergies renouvelables ont la cote auprès du grand public et permettent à Engie d’améliorer son image, elles demeurent toutefois une activité encore marginale pour le groupe, qui réalise encore 80 % de ses profits dans le gaz et l’électricité. Claire Waysand pointe le temps nécessaire de la transition en prenant l’exemple du charbon, qui représente encore 4 % de sa production : « Dans l’état actuel des choses, ces centrales restent indispensables là où elles se trouvent, tant sur le plan des besoins en énergie que sur celui de l’équilibre social, avec beaucoup d’emplois qui en dépendent. On en sortira donc progressivement, avec des fermetures et des reconversions dans la biomasse selon les cas. »
La dirigeante souligne en outre que l’éolien et le photovoltaïque ne sont pas les seules énergies propres. « Le gaz va se verdir. Et il a la particularité de pouvoir se stocker, contrairement à d’autres énergies renouvelables tributaires de la météo. » Elle défend aussi le nucléaire : « C’est une énergie qui suscite des débats, mais qui est décarbonée. »
Claire Waysand, qui a effectué l’essentiel de sa carrière dans le secteur public, compte aussi sur l’État pour accélérer le mouvement. « Je crois beaucoup à la pression publique. Désormais, dans le budget de l’État, on qualifie les dépenses favorables à l’environnement comme vertes, et les autres comme brunes. Objectiver les dépenses de la sorte constitue un puissant moteur de changement. » Elle ne voit donc pas l’intervention de l’État comme une contrainte, mais comme une incitation. « Les normes édictées par les gouvernements guident les entreprises et conditionnent les choix rationnels qu’elles peuvent faire. » Elle se dit ainsi favorable à l’instauration d’un prix du carbone réglementé au sein de l'Union Européenne, et d’une taxe carbone aux frontières de la zone. « Si le coût du carbone augmente, alors les investissements se tourneront vers le vert. »
De fait, Claire Waysand n’appréhende pas sa fonction du seul point de vue économique et financier. « Je pense que nous sommes là pour servir des objectifs qui nous dépassent. » Et par « nous », elle entend tout un chacun : « C’est tous ensemble, par nos actions, que nous allons faire bouger les choses. Par nos choix électoraux, par nos choix financiers, et par nos choix professionnels. »
Débat présenté par Pierre Mirikelam (E23) et animé par Antoine Habert (E23) et Victor Scache (E22). Retrouvez l’intégralité du débat sur YouTube et sur lesmardis.fr.
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Image : © Noir sur Blanc
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