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Mardis de l’ESSEC : Florence Parly, Ministre des Armées

Vie étudiante

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11/01/2021

Les Mardis de l’ESSEC ont reçu Florence Parly, Ministre des Armées. Un échange à couteaux tirés sur la souveraineté de la France, ses interventions à l’étranger et sa capacité d’innovation, autour d’un enjeu d’État : notre pays a-t-il les moyens de rester une grande puissance militaire ?

Ce n’est pas un hasard si cette ancienne Secrétaire d’État au Budget a été nommée au Ministère des Armées : sa priorité assumée est d’augmenter les dépenses militaires.

Le nerf de la guerre…

« Il nous faut investir. » Investir d’abord pour développer l’armée de demain, avec la création du Fonds Innovation Défense, doté de 200 millions €. « Objectif : prendre des participations dans des startups, PME et ETI en phase de croissance, développant des technologies de rupture dans des domaines comme l’intelligence artificielle ou encore les technologies quantiques. »

Mais aussi investir pour protéger notre souveraineté, avec le fonds Definvest, lancé en particulier pour les sous-traitants qui sont seuls en France à produire certains composants essentiels de nos équipements. « Dépendre de fournisseurs étrangers sur ces éléments impliquerait d’avoir à demander l’autorisation à d’autres pays pour utiliser leurs produits à des fins militaires. Hors de question. »

Investir également dans la cyberdéfense, qui se voit attribuer 1,6 milliard € dans la dernière la loi de programmation militaire. « Le Ministère des Armées a subi autant d’attaques informatiques au premier semestre 2020 que dans l’ensemble de l’année 2019. Nous devons nous défendre. »

Investir enfin dans la militarisation spatiale, avec 4 milliards € d’investissements prévus. « Nous assistons à de nouveaux comportements depuis quelques années. Certains pays font la démonstration qu’ils ont la capacité de détruire des satellites en orbite basse, dont dépendent des pans entiers de nos sociétés. D’où la création d’un commandement dédié, le lancement de systèmes de surveillance, le développement d’armes spatiales… »

Une guerre propre est-elle possible ?

Si les cordons de la bourse se délient, Florence Parly ne souhaite pas pour autant débrider totalement l’innovation. Elle a ainsi créé un Comité d’éthique de la défense, qui a rendu son premier avis public sur le concept de soldat augmenté. « Ce que je refuse, c’est d’altérer l’intégrité physique et psychique de nos militaires. » Autrement dit : on peut envisager des méthodes invasives d’amélioration des performances, mais qui ne soient ni irréversibles, ni déshumanisantes. « Il faut en outre privilégier les alternatives. Pas besoin d’opérer les yeux quand on peut concevoir des jumelles ! »

Florence Parly a déjà adopté une ligne similaire sur les drones : « Nos opérateurs sont positionnés sur le terrain, à quelques kilomètres de la cible au sol, de même que leurs camarades pilotes de chasse survolent la cible à quelques kilomètres d’altitude. Rien à voir avec le schéma américain où des individus basés en Floride effectuent des frappes entre deux courses au supermarché. »

Dans un autre registre, la Ministre a amorcé la transition écologique de l’armée. « Nous testons des bateaux hybrides, et nous allons passer aux blindés. Nous expérimentons aussi les biocarburants. Et nous nous apprêtons à implanter des panneaux photovoltaïques sur 2000 hectares de terrain. »

Autre mue à engager en ligne avec les évolutions de la société : « Nous sommes certes la quatrième armée la plus féminisée du monde, mais avec un taux de seulement 15 % de nos effectifs. J’ai donc mis en place un plan mixité et un plan famille, et je m’apprête à lancer un outil contre les violences sexuelles et sexistes. »

Seule et avec tous

La feuille de route de Florence Parly est ambitieuse. Elle peut cependant compter sur un contexte porteur avec, outre le volontarisme présidentiel, l’émergence de l’Europe de la Défense. « En attendant que l’Union européenne trouve son rythme de croisière sur le sujet, nous bénéficions déjà de l’Initiative européenne d’intervention, permettant aux puissances qui le souhaitent – Royaume-Uni inclus – de s’entendre pour lancer des interventions communes selon des modalités définies au cas par cas. »

Un format à géométrie variable qui a déjà fait ses preuves et qui, loin de diluer la puissance française sur la scène internationale, la renforce : « Avec le Brexit, la France se retrouve à la tête de la première armée européenne, seule dotée de la force nucléaire. Autant dire que nos voisins sont nombreux à vouloir coopérer avec nous. »   

 

Débat animé par Mathilde Bernard (E23), Félix Dumas (E20), Victor Ramzi (E20) et Marie Triau (E23)

Retrouvez l’intégralité du débat sur YouTube et sur lesmardis.fr.

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Image : © Noir sur Blanc

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