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Revivez le discours de Batoul Hassoun (E07) au Gala ESSEC

Vie étudiante

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16/05/2024

Marraine de l’événement, Batoul Hassoun (E07), présidente-directrice générale de The Salmon Consulting (Groupe Havas) et membre du Club 21e siècle, a pris la parole devant les étudiants et les diplômés lors du Gala ESSEC 2024 organisé par le BDE Essec Riviera, en partenariat avec l'ESSEC, ESSEC Alumni et EY-Parthenon, au Pavillon d’Armenonville à Paris. On partage avec vous la retranscription de son discours. 

Je suis ravie de retrouver l’ESSEC ce soir. Pendant mes études, j’ai eu une participation plus qu’active à la vie de l’école : j’étais assidue en cours bien sûr, mais aussi aux entraînements de l’ESSEC Basketball Club, aux séances de tutorat du programme Pourquoi Pas Moi (PQPM), aux répétitions de Comedia, aux échauffements de cordes vocales avec Musical, aux fous-rires avec les Impro’visibles, aux essais de créations de site web avec Im@ge, aux missions de la JE pour mettre du beurre dans les épinards… Autant dire que je dois pouvoir trouver un point commun avec la plupart d’entre vous ! 

Et s’il n’est pas dans cette première liste, le cours FIN 124 finira de nous réunir.

Je suis honorée d’être la marraine de notre dîner de gala. Un grand merci à Nora Mathis (E25), Claire Bart (E25), Clémence Bernier (E25), Cassandre Roncin (E25)… à toute la super équipe organisatrice qu’on peut applaudir bien fort.

Merci de m’avoir proposé d’être la marraine de ce dîner.

Quand on m’a appelée pour me faire cette proposition, j’étais ravie et, je l’avoue, un peu étonnée. Je me suis demandé « pourquoi moi ». Et puis je me suis rappelé mon programme préféré à l’ESSEC et je me suis dit « pourquoi pas moi ».

Pourquoi pas moi donc.

Moi qui suis une « slasheuse ». 

Sur ma carte de visite (ceux qui en ont encore, levez la main… ) ou sur mon LinkedIn, je dois mettre plusieurs titres pour raconter qui je suis : « intrapreneuse / citoyenne engagée dans le monde associatif / maman… » pour n’en citer que quelques-uns.

Intrapreneuse d’abord, car tout au long de ma carrière (jusqu’à maintenant en tout cas), j’ai créé des offres, des entités, des boîtes au sein de plus grandes structures… avec l’argent des autres, c’est ce qu’on appelle l’intrapreneuriat. Ma dernière aventure en date étant la création de The Salmon Consulting, cabinet de conseil en stratégie qui fait de la prospective appliquée : c’est-à-dire que j’aide les organisations à comprendre le futur (ce qui va changer en termes politique, économique, sociétal, technologique, légal…) et à transformer, adapter, faire évoluer leur stratégie, leur business model et leur organisation en fonction.

Citoyenne engagée ensuite : après avoir été très engagée dans PQPM à l’ESSEC, j’ai voulu continuer à créer plus d’égalité des chances. J’ai rejoint le Club 21e Siècle que j’ai eu la chance de co-présider ces deux dernières années. Cette organisation a été créée en 2004 suite à l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au 2nd tour de l’élection présidentielle en 2002. L’idée était de montrer que la diversité d’origine apportait déjà beaucoup à la France, en réunissant cette diversité qui avait réussi. L’idée était aussi que cette diversité qui avait réussi se mette à jouer les « role models » pour permettre aux plus jeunes générations d’y croire et de réussir. 

Aujourd’hui, l’objectif du Club reste de lutter contre l’extrême droite, de montrer que la France est riche de sa diversité et de créer du commun.

Sans oublier le dernier slash, probablement le plus important à mes yeux : « maman ». Avec mon mari qui m’a fait le plaisir de m’accompagner ce soir, nous avons deux enfants – Layal et Naël – dont je suis très fière et si je rêve d’un monde meilleur pour les années qui viennent, c’est pour eux je m’attelle à le construire.

Comme j’aide les organisations à comprendre le futur, je me suis dit que j’allais essayer ce soir de vous embarquer dans le futur. 

Je vais donc vous inviter maintenant à vous plonger avec moi en 2040. Vous pouvez fermer les yeux si vous le souhaitez.

Prenez quelques secondes pour commencer à réaliser l’âge que vous aurez en 2040, c’est-à-dire dans 16 ans. 

Personnellement, j’en aurai 56. 

Je vous entends faire le calcul, je vais vous aider : oui j’en ai 40 aujourd’hui – arrêtez, je vous entends, vous allez me faire rougir, je sais que ça ne se voit pas… 

Trêve de plaisanterie, nous sommes en 2040 donc.

Imaginez la vie que vous avez menée ces dernières années, le job que vous exercez, les amitiés que vous avez développées, la ville où vous vivez, la chaleur qu’il fait…

Vous commencez à entrevoir cette vie en 2040.

Et l’ESSEC ? À quoi ressemble notre école en 2040 ?

Les salles de classes sont équipées de technologies immersives offrant des expériences d'apprentissage en réalité virtuelle et augmentée. Les étudiants peuvent voyager dans des simulations d'entreprises du monde entier, interagir avec des experts et résoudre des problèmes réels dans un environnement virtuel.

Grâce à l'intelligence artificielle et à l'analyse des données, l'enseignement est devenu hautement personnalisé. Chaque étudiant bénéficie d'un parcours d'apprentissage adapté à ses besoins, ses compétences et ses objectifs, avec un accès à des ressources et des activités sur mesure – dans la limite des 140 points à miser chaque trimestre, bien sûr… Il y a des choses qui ne changent pas !

Les frontières géographiques ne sont plus un obstacle à la collaboration. Les étudiants de l'ESSEC travaillent en étroite collaboration avec des pairs du monde entier, échangeant des idées, partageant des projets et développant une compréhension interculturelle approfondie. C’est d’ailleurs grâce à ces échanges que la crise climatique a été en partie endiguée : les échanges entre étudiants, économistes et politiques du monde entier ont fini par faire accepter l’idée d’offrir une compensation aux citoyens les plus pauvres du monde pour les aider à s’adapter au changement climatique et rétablir une forme d’équité.

L'ESSEC est devenue un centre d'innovation sociale et d'engagement communautaire. Les étudiants sont encouragés à s'impliquer dans des projets à impact, à travailler avec des entreprises sociales et à contribuer au développement durable et à la responsabilité sociale des entreprises.

Pour y parvenir, l'enseignement à l'ESSEC met l'accent sur le développement des compétences essentielles pour réussir dans un monde incertain et en constante évolution. Cela inclut la pensée critique, la résolution de problèmes, la communication efficace, la collaboration, la créativité et la résilience.

Ah, on me souffle dans l’oreillette quelques autres bonnes nouvelles… 

Le couloir des assoces est toujours le centre névralgique de l’école…

Les soirées Grand Hall sont désormais aussi accessibles en réalité virtuelle pour les nostalgiques…

Le Foy’s organise une soirée la semaine prochaine et nous sommes tous invités…

Et les frais de scolarité n’ont pas augmenté sur les 16 dernières années ! Je laisserai notre cher directeur nous expliquer comment il a réussi à trouver le modèle qui permet à notre école d’être la plus inclusive possible…

Et la France en 2040 ?

Après quelques années compliquées, nous avons retrouvé une joie de vivre.

Les tensions ont diminué, un regain démocratique local a vu le jour. 

Il y a moins de violence dans nos villes, moins de clash à la télé.

Moins de paroles blessantes et moins de brutalité sur les réseaux dits « sociaux ».

La température est montée, mais elle n’a pas dépassé les +1,5°C.

Les smartphones ont été interdits jusqu’à l’âge de 16 ans.

Le sentiment de solitude a régressé.

L’indice de tolérance s’est grandement amélioré.

Bref, notre devise n’est plus liberté, égalité, fraternité. Mais fraternité, égalité, liberté.

Et ça, ça change tout.

Maintenant réveillez-vous. Vous pouvez ouvrir les yeux si vous le souhaitez.

Nous sommes encore en 2024 et le futur est entre nos mains.

Alors que fait-on ?

Ce que vous ferez dès demain, c’est vous et seulement vous qui en déciderez. 

Mais laissez-moi vous donner quelques idées.

Première idée : et si on travaillait sur nos biais ?

Nous sommes tous humains, et qu’on le veuille ou non, notre cerveau prend 95 % de ses décisions de façon automatique, sans que nous y réfléchissions vraiment. Et heureusement. Vous imaginez s’il fallait réfléchir pour respirer, marcher… La contrepartie, c’est que pour agir vite, nous prenons des raccourcis ; c’est ce qui s’appelle des biais : un bruit un peu fort et vous sursautez, prêt à prendre vos jambes à votre cou ; de la même façon, vous pouvez avoir tendance à favoriser une personne qui vous ressemble lors d’un entretien d’embauche ou penser que la personne devant vous est douce ou forte selon que c’est une femme ou un homme… Nous pouvons donc discriminer sans nous en rendre compte.

La bonne nouvelle, c’est que ces biais sont des réflexes dont nous pouvons prendre conscience et sur lesquels nous pouvons donc agir. 

Ma suggestion pour vous : que diriez-vous d’ancrer un nouveau réflexe dans votre quotidien, celui d’interroger vos réflexes ?

Deuxième idée : et si on arrêtait de réchauffer la planète et qu’on travaillait à réchauffer nos liens ?

Nous entendons régulièrement parler des limites planétaires et du palier des +2°C qu’il ne faut pas dépasser, et bien sûr il faut s’en préoccuper, mais il y a bien une chose qu’il faut réchauffer à mon sens, ce sont les liens entre nous. Nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas. Pour créer du commun, il faut se connaître.

Je suis sûre que vous êtes nombreux à faire des exercices physiques pour rester en bonne santé. Je vous propose de faire des exercices civiques pour recréer de la fraternité. 

Faites l’effort de rencontrer une nouvelle personne par mois, la plus différente possible de vous. 

Et faites aussi se rencontrer deux personnes d’univers très différents, créez des ponts. Par exemple, si vous êtes aussi à l’aise dans un kebab à Trappes que dans un ministère : faites rencontrer ces deux mondes.

Troisième idée : et si on s’engageait à s’engager ? 

Avec la première idée et la deuxième idée, nous devrions déjà avoir plus de mixité et de diversité dans nos villes, dans nos écoles, dans nos entreprises mais aussi dans nos amis.

Allons encore plus loin avec cette troisième et dernière idée (pour ce soir). Donnez de votre temps au collectif. Engagez-vous ! 

Engagez-vous dans une association, engagez-vous dans l’école de vos enfants, engagez-vous à mentorer ou tutorer un jeune ou un migrant, engagez-vous dans votre résidence, auprès de vos voisins, dans votre ville, engagez-vous en politique au sens étymologique du terme, c’est-à-dire au service de la cité et des citoyens – pas de la haine ou du pouvoir.

Je rêve même d’un monde où nous aurions un service politique obligatoire : une fois dans sa vie, chacun d’entre nous dédierait 5 années au service du collectif. Non renouvelable. 

Aidez votre prochain. Cela ne changera peut-être pas le monde (peut-être pas tout de suite) mais cela changera le monde pour cette personne.

J’espère que ces idées vous en donneront d’autres et surtout vous encourageront à passer à l’action dès ce soir pour que notre société soit moins polarisée et plus fraternelle. C’est ce à quoi la majorité d’entre nous aspire et ce à quoi nous pouvons tous et toutes contribuer à notre échelle.

À vous de jouer. Et j’espère vous retrouver en 2040 pour faire le bilan !

 

Lire aussi notre interview

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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Images 1 & 2 : © Back2back Production

Image 3 : © ESSECLive

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