Mardis de l’ESSEC : Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale
Le 9 avril 2018, les Mardis de l’ESSEC ont reçu Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Celui-ci s’est confié sans réserve aux élèves de l’école qu’il a dirigée de 2013 à 2017, partageant sa vision de l’enseignement, du gouvernement et même de l’avenir.
Lorsqu’on lui demande si son passage par l’ESSEC n’était qu’un tremplin vers la rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer réfute sans sourciller, affirmant qu’il a simplement su saisir l’opportunité, mais qu’il n’a jamais été animé par l’obsession d’accéder à plus de pouvoir. Son ambition, il la dit subordonnée au service d’un idéal qui le dépasse : l’éducation, « sujet complexe par excellence, car sujet humain par excellence ». Et en la matière, il compte bien offrir le meilleur possible à tous les Français.
Tout un programme
Depuis son ralliement au gouvernement Édouard Philippe, l’ancien directeur semble mettre à profit les enseignements tirés de son expérience à la tête de l’ESSEC. En témoigne son projet de réforme du baccalauréat, avec un panel de cours enrichi proposé sous forme de fondamentaux et d’électifs, ou encore son souhait de valoriser des profils très différents et de les faire interagir, en redonnant la part belle aux filières professionnelles et en redorant le blason des activités manuelles. Le ministre n’en oublie pas pour autant d’agir également en amont du parcours scolaire : pour lui, il est intolérable que plus de 20 % des élèves finissent l’école primaire sans savoir lire, écrire ni compter correctement, prérequis incontournable pour être capable de poursuivre une formation convenable une fois au collège.
Mais Jean-Michel Blanquer ne s’intéresse pas qu’aux élèves : il veut aussi repenser la figure du professeur, estimant que ce dernier n’est pas considéré et récompensé à sa juste valeur. Et si d’aucuns estiment que la multiplication des contenus pédagogiques en ligne effacera progressivement le rôle de l’enseignant, le ministre rétorque qu’« il n’est pas possible de s’instruire uniquement avec Wikipédia ; un professeur reste indispensable, car il est celui qui structure le savoir et lui donne du sens. »
Le changement dans la continuité
Jean-Michel Blanquer n’a pas peur de bousculer les idées et les pédagogues, mais n’éprouve pas pour autant le besoin de tout réinventer. Son leitmotiv ? « Garder ce qui marche, changer ce qui ne marche pas. » Et s’il ne doute pas de la nécessité de préparer les jeunes Français à une époque où la maîtrise des nouvelles technologies est essentielle, le ministre tient à rappeler que « dans un monde de plus en plus technologique, nous allons avoir besoin de plus en plus d’humanités ». Il lui paraît impératif d’équiper les élèves avec un bagage culturel conséquent, seul élément rendant possible le discernement. C’est pour cette raison qu’il met en place un grand oral pour le nouveau bac, et qu’il rétablit l’enseignement du latin et du grec, ainsi que les classes bilingues. Car il l’assure, les compétences en langue et en éloquence seront plus que jamais nécessaires demain. Peu importe si ces matières sont moins accessibles que d’autres : c’est justement la responsabilité des établissements scolaires et de l’Éducation nationale de redoubler d’effort pour former tous les élèves et donner à chacun la possibilité de développer tous les savoirs et savoir-faire. Comme le résume le ministre : « Il faut mettre la barre un peu haute partout et travailler à ce qu’elle soit franchissable par tout le monde. » Jean-Michel Blanquer veut ainsi revaloriser l’école de la République, à l’heure où se développe une multitude d’établissements hors-contrat.
C’est également dans cette optique qu’il est déterminé à ajouter au triptyque bien connu des fondamentaux enseignés à l’école, « lire, écrire, compter », l’impératif « respecter autrui », en luttant activement contre le harcèlement et les violences entre élèves et en renforçant la transmission des principes essentiels de la bonne vie en société.
Mission possible ?
Jean-Michel Blanquer ne cache pas son ambition : il veut faire de la France un modèle en matière d’éducation. Si les orientations paraissent sensées et adaptées aux enjeux actuels, c’est peut-être du côté des moyens disponibles que le bât risque de blesser. Le ministre saura-t-il reproduire ce qu’il a accompli pour l’ESSEC à l’échelle nationale ? Seul le temps le dira. Mais ceux qui l’ont côtoyé ont une certitude : ce bourreau de travail fera tout son possible.
Propos recueillis par Paul de Lapeyrière (étudiant)
Retrouvez l’intégralité du débat en vidéo ici.
Illustration : © Noir sur Blanc
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